Intervention de Mathilde Panot

Séance en hémicycle du mercredi 31 janvier 2018 à 15h00
Sureté et sécurité des installations nucléaires — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMathilde Panot :

Monsieur le président, madame la présidente et rapporteure de la commission, mes chers collègues, tout d'abord, je me réjouis de la proposition tendant à créer cette commission d'enquête. Notre groupe parlementaire a alerté à plusieurs reprises sur l'état des installations nucléaires françaises. J'espère que la commission permettra de recueillir des éléments concrets et objectifs, et de montrer la folie vers laquelle nous entraîne l'actuelle direction nucléaire d'EDF, laquelle continue à affirmer comme un dogme d'État qu'aucun réacteur ne pourra être fermé avant 2029 et que la durée de vie de certaines centrales pourra être prolongée sans problème jusqu'à cinquante, voire soixante ans.

Mes chers collègues, il faut agir avant qu'il ne soit trop tard. Le 12 octobre 2017, l'Autorité de sûreté nucléaire considérait que la situation du parc nucléaire était « préoccupante ». Elle relevait le fait que, sur 58 réacteurs nucléaires, 29 présentaient des réseaux de tuyauterie rongés par la rouille à cause du manque d'entretien. L'enquête sur les failles dans la cuve de l'EPR a mis au jour 471 anomalies sur des pièces forgées dans l'usine Areva du Creusot, qui touchent la majorité des centrales, ainsi que des documents falsifiés. Comment ce scandale a-t-il pu durer pendant trente ans sans que rien ne soit entrepris ?

Grâce à la commission d'enquête, il ne reviendra plus aux seules associations – enfin – de montrer la vulnérabilité de nos centrales eu égard à l'enjeu sécuritaire. À ce propos, je salue le travail des militants de Greenpeace, qui pointent inlassablement les failles nombreuses des installations nucléaires face à des attaques extérieures.

Ce n'est pas tout : je souhaite que la commission d'enquête se penche sur les conditions de travail des salariés du nucléaire et, surtout, sur celles des sous-traitants. Au regard de l'importance stratégique du secteur, il est ahurissant que 80 % des activités nucléaires soient menées par des travailleurs d'entreprises sous-traitantes ne bénéficiant d'aucun statut protecteur. S'il est un secteur où « libérer les énergies » peut se révéler singulièrement dangereux, c'est celui-ci ! De tous ces éléments se dégage un constat lourd, dont nous devons mesurer la portée : une épée de Damoclès pèse sur nous en permanence, celle d'un accident nucléaire.

En plus d'être dangereux, le nucléaire est sale. La question des déchets, largement occultée dans le débat sur le nucléaire, ne devra pas l'être au cours des travaux de la commission d'enquête. Lors de ses voeux, le 22 janvier 2018, Nicolas Hulot a évoqué le projet d'enfouissement des déchets nucléaires à Bure, qui suscite une forte opposition. Il a eu ces mots, savoureux pour les fermes opposants au nucléaire que nous sommes : « Je me serais bien passé des déchets nucléaires. » Nous aussi, monsieur le ministre ! C'est pourquoi nous proposons de sortir de l'énergie nucléaire en nous dotant d'un plan qui nous permette de nous en passer d'ici à 2050, voire avant cette date si possible. Le nucléaire est une énergie archaïque ; notre avenir est à chercher du côté des énergies renouvelables.

Les déchets nucléaires sont une véritable plaie sur notre territoire. Ils restent radioactifs pendant 800 ans, 1 000 ans, voire pendant des dizaines de milliers d'années. La production ininterrompue de déchets et leur stockage désordonné relèvent d'une politique énergétique irresponsable et dangereuse pour l'environnement et les générations futures. C'est pourquoi j'espère que la commission d'enquête permettra de lever enfin le voile opaque et antidémocratique qui pèse sur le nucléaire. Dans notre programme, nous avions proposé notamment de rendre publique la carte d'enfouissement des déchets nucléaires.

Nous devons également faire en sorte que la commission d'enquête mette en lumière la répression, indigne d'une démocratie, que subissent les militants à Bure. Nous espérons qu'elle montrera, comme l'a fait le rapport des médiateurs sur le projet de Notre-Dame-des-Landes, …

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