Intervention de Alexis Corbière

Séance en hémicycle du jeudi 1er février 2018 à 21h30
Euthanasie et suicide assisté pour une fin de vie digne — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlexis Corbière :

Le choix de mourir, l'homme doit pouvoir l'obtenir dans certains cas. En effet, lorsqu'on est atteint de certaines afflictions, lorsqu'aucun espoir de rémission ou de guérison n'est possible et que le seul horizon de vie pour le patient est la mort dans la souffrance, on peut dire, d'une certaine manière, que la vie s'est arrêtée, bien que le coeur n'ait pas cessé de battre. Cette perception d'une vie à l'arrêt, seul le patient peut la ressentir, à l'intérieur de son corps et dans son esprit.

C'est pourquoi le choix de mourir est entièrement subjectif et personnel. Le médecin n'est pas apte à en juger ; il peut seulement s'assurer que le patient est capable de prendre une décision éclairée. Nous sommes d'accord sur l'idée que, bien que le corps puisse fonctionner encore parfaitement, l'état mental de la personne peut justifier le droit de mourir. C'est pour cette raison qu'on arrête l'assistance respiratoire de patients en état de mort cérébrale.

Vous devez considérer que cette loi n'instaure pas seulement un droit à mourir dans la dignité, mais aussi un droit à cesser de souffrir. Les situations médicales évoquées se caractérisent par de grandes souffrances psychiques et psychologiques, auxquelles peuvent s'ajouter parfois d'intolérables souffrances physiques. Il est inhumain et immoral de refuser aux personnes concernées le droit et les moyens de faire cesser cette souffrance, lorsqu'elles le demandent.

En considération de cette souffrance, j'estime que ce n'est pas seulement une proposition de loi qui est examinée ce soir, mais une liberté fondamentale de la personne humaine, s'inscrivant – je l'ai souligné en commençant – dans la continuité des droits de l'homme et du citoyen. C'est la conquête d'une ultime liberté.

Madame la ministre, je vous remercie de la dignité de votre intervention, dans laquelle vous avez mesuré toute la difficulté de la question abordée avec précision par Caroline Fiat. Chacun peut être d'accord ou pas avec les arguments qui ont été évoqués, mais nous sommes heureux, fiers même, d'avoir pu, après d'autres, porter ce débat à la tribune de l'Assemblée nationale. Le simple fait de nous poser cette question, sans recourir à l'euphémisme, nous grandit collectivement et élève le débat politique.

Comme le disait le grand Jaurès, dans son Discours à la jeunesse, très célèbre mais trop souvent réduit à une seule phrase : « Le courage, c'est de comprendre sa propre vie. [… ] Le courage, c'est d'aimer la vie et de regarder la mort d'un regard tranquille. » Chaque citoyen doit avoir droit à ce regard tranquille. Tel est le sens de notre proposition de loi.

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