Intervention de André Chassaigne

Séance en hémicycle du mercredi 14 février 2018 à 15h00
Questions au gouvernement — Réforme de l'apprentissage

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAndré Chassaigne :

Monsieur le Premier ministre, le Gouvernement a dévoilé ses mesures de réforme de l'apprentissage alors qu'une négociation est toujours en cours avec les organisations syndicales. La philosophie et le contenu de cette réforme inquiètent fortement. Cette inquiétude a été exprimée par l'Association des régions de France, les organisations syndicales et des acteurs de l'éducation.

En livrant l'apprentissage au monde économique, vous privatisez cette politique publique, au risque de faire un diplôme par entreprise et de ne pas répondre à l'intérêt général. En accordant aux branches la possibilité d'ouvrir des centres de formation en apprentissage en fonction des seuls besoins des entreprises, vous portez un coup terrible aux lycées professionnels et vous alimentez les fractures territoriales dans l'accès à la formation.

Parallèlement, dans la continuité des ordonnances réformant le code du travail, vous vous attaquez aux maigres protections attachées au statut d'apprenti : contrat de 40 heures par semaine ; possibilité d'être apprenti jusqu'à trente ans, au lieu de vingt-six aujourd'hui ; suppression du contrôle des prud'hommes sur les ruptures d'apprentissage.

L'apprentissage ne doit pas devenir une « voie bis » de la formation professionnelle, une voie déconnectée du reste de l'enseignement, au service des seuls besoins court-termistes du marché. Bien au contraire, les évolutions du travail, des métiers, des parcours professionnels, en lien avec la révolution numérique, imposent de garder un socle large de connaissances et de compétences, que seule l'éducation nationale est capable de garantir. C'est aussi la condition d'une formation tout au long de la vie, quand on sait qu'un jeune pourrait désormais comptabiliser dix-sept emplois différents au cours de sa vie professionnelle.

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