Intervention de Loïc Prud'homme

Séance en hémicycle du mercredi 21 février 2018 à 15h00
Questions sur la politique nationale en matière de sécurité routière et d'aménagement des infrastructures de transport

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLoïc Prud'homme :

Monsieur le secrétaire d'État, ma question s'adressait initialement à Mme Borne, ministre des transports, mais aussi ancienne directrice de la stratégie de la SNCF « made in Pepy ».

Le Gouvernement prétend donner la priorité aux transports du quotidien et aux mobilités durables. Je m'en réjouis. J'imagine donc votre surprise lorsque vous avez découvert le rapport Spinetta, dont l'une des mesures est de fermer les lignes de trains du quotidien jugées non rentables, sur des critères qui n'appartiennent qu'à lui, pour les remplacer par des bus privés.

Le rapport feint de découvrir aujourd'hui l'état des infrastructures ferroviaires en France. Mais M. Spinetta a-t-il vécu dans une caverne durant ces trente dernières années pour nous sortir un scoop pareil ? Cette situation est la conséquence d'un désinvestissement massif de l'État au profit du routier, largement subventionné par l'argent public, six fois plus que le rail. Et que dire des chauffeurs routiers de l'Est, travailleurs détachés payés 300 euros par mois ?

M. Spinetta se devait donc de trouver un bouc émissaire : ne pouvant envisager l'aveuglement de la direction de la SNCF ou des politiques européennes de libre concurrence, il n'a trouvé que le statut des cheminots. Mais ce statut est la garantie de notre sécurité sur le rail ; il permet aux intéressés d'exercer un droit de retrait lorsqu'ils estiment que notre sécurité n'est pas assurée, et il est le garant d'un véritable service au public.

Monsieur le secrétaire d'État, les fossoyeurs du service public osent tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît ! Ils osent nous dire que l'ouverture à la concurrence permettra de sauver le train, alors que le démantèlement du fret a prouvé le contraire ; ils osent s'attaquer au statut de cheminot, prétendument coûteux, quand des centaines de millions d'euros sont dépensés en communication ; ils osent remettre sur la route camions et cars, quand la pollution de l'air nous coûte 100 milliards d'euros et 48 000 morts par an.

Monsieur le secrétaire d'État, nous savons désormais que nous ne pouvons accorder aucun crédit à la parole de M. Pepy, qui assurait en 2002 qu'il allait sauver le service public du fret – on a vu le résultat. Quinze ans plus tard, oserez-vous nous faire avaler la même couleuvre sur le maintien d'un service public ferroviaire sur l'ensemble du territoire ?

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