Intervention de Nicolas Hulot

Séance en hémicycle du jeudi 22 février 2018 à 15h00
Questions sur la stratégie de sortie du nucléaire

Nicolas Hulot, ministre d'état, ministre de la transition écologique et solidaire :

Monsieur le député, je ne sais pas s'il faut accélérer le processus, car il faut faire les choses calmement, rationnellement et pas n'importe comment. Votre question met bien en exergue la complexité sociale et technique de ce sujet. On a mis ces difficultés de côté, mais elles nous rattrapent. Maintenant, indépendamment de la baisse de la part du nucléaire dans l'électricité à 50 %, il faudra bien fermer des centrales, car elles ne passeront pas toutes les grandes visites. Les déchets ultimes se retrouveront je ne sais où, mais les autres déchets représenteront un volume énorme – que l'on songe au moindre matériau de béton ou de ferraille issu d'une centrale dont il faudra s'occuper. Nous sommes à l'heure de vérité, et l'acceptabilité sociale n'est pas le moindre problème.

Vous soulignez à juste titre les difficultés que je viens d'évoquer sur le démantèlement des centrales de première génération. Il convient en premier lieu d'insister sur le défi technique que représente le démantèlement de ces centrales, dont la conception très singulière n'avait malheureusement, c'est le moins que l'on puisse dire, pas suffisamment pris en compte cette étape de la vie des installations.

Ces difficultés que l'exploitant semble en mesure de surmonter – même si vous avez fait référence à cette petite centrale bretonne qui n'a toujours pas été démantelée – ne seront pas extrapolables au parc des cinquante-huit réacteurs à eau pressurisée, pour lequel il existe un retour d'expérience international qui est assez favorable, comme le rappelle le rapport parlementaire auquel vous faisiez référence.

Par ailleurs, de nombreux réacteurs étant conçus sur le même modèle, EDF pourra profiter d'un effet de mutualisation qui devrait permettre de réduire les coûts de démantèlement – même si l'exploitant les juge importants – , une fois que celui des premiers réacteurs aura été engagé. Nous devrons prendre en compte ce défi important dans les grands choix que nous ferons sur le nucléaire pendant ce quinquennat.

Comme vous le savez, le démantèlement est une opération très coûteuse, longue et qui exige des compétences particulières. C'est pour cela que le déploiement d'une filière de développement constitue une perspective paradoxalement stratégique pour l'industrie française, compte tenu de son expertise dans ce domaine. Des travaux de structuration d'une offre attractive, notamment de valorisation à l'international, pourront être abordés dans le cadre du comité stratégique de la filière nucléaire. Des partenariats internationaux se montent d'ores et déjà dans ce domaine, notamment avec le Royaume-Uni. Les Britanniques et nous faisons en effet face à des enjeux similaires et disposons de compétences complémentaires.

Enfin, le calendrier des travaux de démantèlement sera arrêté à la suite de l'élaboration de la programmation pluriannuelle de l'énergie – PPE – , qui fixera les orientations en matière de réduction du parc nucléaire existant. Vous aurez les éléments quand la PPE sera achevée.

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