Intervention de Emmanuelle Ménard

Réunion du mercredi 14 février 2018 à 16h30
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEmmanuelle Ménard :

Vous savez, Monsieur le ministre d'État, que l'éolien, qu'il soit terrestre ou flottant, suscite souvent une forte opposition des populations qui le subissent, qui ont des inquiétudes en termes de santé publique mais aussi de protection des paysages et, de facto, de préservation de leur patrimoine. Il y a quelques semaines, nous avons auditionné le président de RTE qui nous a expliqué ceci : la distance entre l'habitation et le mât n'est pas calculée en fonction des nuisances potentielles pour l'habitant, mais en fonction du potentiel d'installation – cinq cents mètres, parce qu'à un kilomètre de distance, aucun mât ne pourrait être installé en France en raison du mitage des habitations. De ce fait, les études avancées pour justifier l'éolien laissent parfois dubitatifs.

Vous parlez de transition énergétique socialement acceptable, Monsieur le ministre d'État. Avez-vous évolué concernant l'implication des associations implantées dans les zones où existent des parcs éoliens, afin de leur reconnaître, en droit ou en fait, le statut d'experts citoyens ? Ce sont en effet leurs membres qui vivent au quotidien dans ces zones éoliennes. Le 18 janvier, vous avez annoncé les conclusions du groupe de travail sur l'éolien. Hélas, elles ignorent le plus souvent la protection des paysages et de l'environnement, voire du patrimoine classé par l'État lui-même.

Un véritable équilibre doit être trouvé entre la politique de protection du patrimoine et celle de l'environnement. Je pense notamment aux parcs éoliens prévus dans certains villages comme Lespignan, près de Béziers, dont certains habitants luttent depuis plus de trente ans pour faire classer en site naturel la basse vallée de l'Aude, et dont les efforts risquent d'être réduits à néant si quelques mâts étaient installés en bordure de leur village.

Je pourrais aussi vous parler de l'éolien flottant. Le journal Der Spiegel estime que les 6 500 éoliennes prévues d'ici à 2020 rejetteront 13 000 tonnes de composés métalliques dans la mer, d'où les inquiétudes des pêcheurs et des consommateurs de produits de la mer.

Pourquoi ne pas privilégier d'autres solutions plus respectueuses des paysages, comme les panneaux photovoltaïques sur les routes ? Certes, cela aurait un coût mais, étant donné la faible productivité d'une éolienne, pourquoi ne pas lancer la France dans un chantier vraiment innovant qui aurait l'immense avantage de ne pas nuire à nos paysages et, du même coup, à notre tourisme, et qui serait socialement acceptable ?

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