Intervention de Général Jean-Pierre Bosser

Réunion du mardi 13 février 2018 à 17h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Général Jean-Pierre Bosser, chef d'état-major de l'armée de terre :

Sur ce sujet, mes camarades des autres armées ont probablement des avis très marqués, mais proches du mien.

Madame Fontenel-Personne, vous m'interrogez sur le quotidien et les équipements du soldat. Ce sujet fait régulièrement la une de l'actualité : les mamans se plaignent toujours que leur fils doit acheter des effets personnels. Si on ne peut nier que la coquetterie entre parfois en jeu, il y a une dizaine d'années, un de mes augustes prédécesseurs, le général Elrick Irastorza, faisait la guerre aux équipements personnels car il estimait anormal que nos recrues s'achètent du matériel avec leur solde – l'armée devant le leur fournir – mais aussi parce que ces équipements n'étaient pas homologués et, pour certains, protégeaient donc moins bien les soldats que ceux de l'institution.

L'armée de terre a fait de très importants progrès dans ce domaine. Pour autant, encore aujourd'hui, il peut arriver que des soldats achètent des équipements à leurs frais… Je ne sais pas si on pourra lutter contre cela. En revanche, un exemple est symptomatique de nos difficultés de gestion : il y a deux mois, je visitais la 27e brigade d'infanterie de montagne. Le commissaire me faisait part de ses difficultés pour acheter les 1 800 lunettes de glacier nécessaires à ses hommes : un marché public était nécessaire et les lunettes ne seraient donc pas disponibles avant la fonte des neiges ! En l'espèce, les soldats sont probablement allés s'acheter eux-mêmes une paire de lunettes le samedi… Dans cet exemple, les boucles courtes d'acquisition seraient utiles : il fait froid et il neige tous les ans à Grenoble ; on sait que la brigade d'infanterie de montagne recrute un certain nombre de jeunes chaque année. Doit-on dans ce cas continuer à s'astreindre à ce type de méthode ? Il faut bousculer nos habitudes ; c'est d'ailleurs l'une des intentions de la ministre.

S'agissant des études amont et de nos priorités en matière d'innovation de rupture, j'ai évoqué les batteries – pour les postes radio et les ordinateurs notamment –, car c'est ce qui pèse le plus lourd dans le sac de nos soldats. J'ai également évoqué – on en sourit, mais cela peut faciliter le transport de charges lourdes – les exosquelettes et les mules intelligentes. Ces vecteurs à quatre roues peuvent transporter du matériel ; on les programme et ils rejoignent les troupes sur un point du terrain. Des innovations ont déjà vu le jour : ainsi, Safran a développé ce type de mules. Nous allons d'ailleurs faire un atelier exclusivement consacré à ce sujet durant Eurosatory. Nous avons déjà des projets. Bref, je suis prêt « pour le jour d'après ».

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