Intervention de Louis Aliot

Séance en hémicycle du mardi 6 mars 2018 à 15h00
Interdiction de la pêche électrique — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLouis Aliot :

Madame la présidente, monsieur le ministre, mesdames et messieurs les députés, chers collègues, la pêche représente un pan fondamental de l'économie française, tant par le nombre d'emplois et d'entreprises qu'elle représente que par les vivres qu'elle fournit aux Français, du gastronome au simple consommateur : d'où la nécessité de protéger le milieu marin et de nous préoccuper de ce que font nos voisins en matière de pêche. Nos eaux territoriales n'ayant pas de frontières, il convient de peser sur la législation relative à la pêche, car les pratiques de nos voisins peuvent avoir des conséquences très néfastes sur le rendement et sur l'environnement.

Pour cet ensemble de raisons, notre pays doit rester chef de file en matière d'interdiction de la pêche électrique. Cette technique de pêche est aujourd'hui, comme on le sait, essentiellement pratiquée au Pays-Bas, par 28 % des chalutiers néerlandais, qui bénéficient d'une dérogation exceptionnelle depuis 2006, alors même qu'un comité scientifique sollicité la même année par la Commission européenne en avait recommandé l'interdiction, même à titre dérogatoire.

On comprend mieux aujourd'hui la position de ce comité, tant les conséquences, une décennie plus tard, ont été mortifères pour la faune marine, avec un épuisement sans précédent des stocks de poisson, au grand dam des pêcheurs des Hauts-de-France victimes de cette concurrence déloyale face à des pêcheurs néerlandais qui capturent quatre fois de plus de soles qu'auparavant et qui, grâce au temps gagné par cette méthode dévastatrice, viennent illégalement piller les eaux territoriales françaises. Le constat est alarmant – certains spécialistes des poissons vont même jusqu'à comparer la pêche électrique à un Roundup de la mer et des océans.

Il y a donc là un manquement grave de la Commission européenne, qui a favorisé le lobby de l'un de ses États membres au détriment de l'intérêt de l'ensemble de l'Union européenne, et particulièrement de la France.

Comment cette pêche peut-elle être considérée comme viable écologiquement par l'Union européenne, alors même qu'elle est déjà interdite aux États-Unis, au Brésil et même en Chine, où les réglementations environnementales sont souvent, on le sait bien, moins strictes que nôtres ?

Aujourd'hui, rien ne prouve la durabilité de la pêche électrique – elle n'a jamais fait l'objet d'étude d'impact et rien n'a été fait pour déterminer les conséquences des décharges électriques sur les jeunes poissons et sur leur fécondité. Bien qu'un quota de 5 % de pêche électrique soit admis par la Commission européenne, les pêcheurs français, avec un grand sens de la responsabilité, n'ont jamais voulu utiliser cette méthode, considérant avec raison qu'elle anéantissait les ressources en poisson. Ils sont aujourd'hui des victimes collatérales d'une concurrence déloyale et inacceptable.

Il nous appartient de les soutenir et de les protéger en adoptant unanimement cette proposition de résolution visant à interdire totalement la pêche électrique. Les voix des députés du Front national y contribueront, dans l'intérêt supérieur de la préservation de l'environnement et de la sauvegarde de la pêche traditionnelle française.

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