Intervention de Catherine Osson

Séance en hémicycle du jeudi 8 mars 2018 à 9h30
Lutte contre la précarité professionnelle des femmes — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCatherine Osson :

… pour les responsabiliser en vue de limiter les abus qui ont pu être constatés. Comme l'a rappelé Mme la ministre du travail la semaine dernière, il a été convenu que les branches professionnelles disposent d'un délai courant jusqu'à fin décembre pour proposer des mesures destinées à lutter contre le recours abusif à des contrats de travail de courte durée. Aussi, légiférer dès aujourd'hui reviendrait à méconnaître et ignorer le calendrier établi en étroite concertation avec les partenaires sociaux.

Enfin, si nous célébrons aujourd'hui la journée internationale des droits des femmes, la présente proposition de loi ne permet pas de lutter efficacement contre les inégalités professionnelles, notamment salariales, entre les femmes et les hommes. En effet, une grande partie de l'écart salarial entre les femmes et les hommes s'explique par la persistance de clichés sexistes. La répartition femmes-hommes par secteur d'activité, par exemple, témoigne de la puissance de préjugés et de stéréotypes, assimilés dès l'enfance, qui influent sur les choix de carrière.

Pour y remédier, des actions concrètes destinées à faire évoluer les mentalités sont nécessaires. Les institutions de la République ont ici un devoir d'exemplarité. Les écoles, notamment, doivent veiller à mobiliser autant les pères que les mères. En sollicitant trop systématiquement les mères, alors qu'elles sont plus souvent dans des situations professionnelles précaires que leurs homologues masculins, elles les exposent à des absences plus fréquentes au travail, souvent mal perçues par l'entreprise, qui alimentent un cercle vicieux de discrimination et de précarisation.

C'est tout l'enjeu des cinq prochaines années ; c'est tout le combat de la grande cause du quinquennat destinée à assurer l'égalité entre les femmes et les hommes. Un puissant appareil législatif a été bâti ces trente dernières années. C'est dans les pratiques, par le renforcement des contrôles, et dans les mentalités que le changement doit se faire désormais.

Parce qu'elle ne tient compte ni des effets pervers des mesures qu'elle comporte, ni du calendrier établi avec les partenaires sociaux, et parce qu'elle est dépourvue des principaux leviers qui permettraient de réduire les inégalités professionnelles entre les femmes et les hommes, la présente proposition de loi ne nous paraît pas à même de lutter efficacement contre la précarité professionnelle des femmes.

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