Intervention de Jean-Philippe Nilor

Réunion du mercredi 21 février 2018 à 18h10
Délégation aux outre-mer

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Philippe Nilor :

Monsieur le président, je pense que le collègue Serville qui s'est exprimé de manière très brève va me passer quelques secondes de son temps de parole. Je précise que j'accepterai la même chose des autres collègues. En effet, je parle, au nom de tous, d'un sujet d'importance, et il faut que Mme la ministre entende certaines choses.

Le lien avec le cancer de la prostate et la chlordécone, que nous ressentons dans notre chair, dans nos vies, dans nos familles, doit être établi de manière formelle. Cela suppose que l'on engage des études. Mais il ne faut pas adopter une attitude passive, en conditionnant ces études à la volonté des chercheurs. Il faut passer à l'offensive, provoquer ces études. J'ai noté que vous parliez d'appel à projets. Ainsi, on n'aura plus à se réfugier derrière une surincidence d'origine génétique ou je ne sais quoi d'autre, comme on l'a fait pour expliquer les taux de sucre qui provoquent des diabètes chez nous – nous aurions une appétence particulière pour le sucre, pour des raisons génétiques.

Le financement du troisième plan chlordécone pose également problème, il faut avoir le courage de le dire : le premier (2008-2010) était de 33 millions ; le deuxième (2011-2013) de 31 millions, mais il était financé et par des fonds de l'État, et par des fonds européens ; le troisième baisse également, puisqu'il avoisine 30 millions, peut-être moins, et que les financements européens risquent de faire défaut.

Nous ne voulons pas que l'on fasse endosser la responsabilité de cette situation aux collectivités régionales, qui ont en charge la gestion des fonds européens, dans la mesure où ce n'est pas avec les impôts des Martiniquais et des Guadeloupéens que l'on doit financer ce fonds. Déjà, nous sommes les victimes ! L'État n'a qu'à en prendre l'entière responsabilité et financer à 100 % le prochain plan.

Par ailleurs, les explications qui nous ont été fournies nous donnent l'impression qu'on veut stigmatiser le secteur informel, au risque de favoriser encore une fois les importations au détriment des productions locales. C'est parce que nous consommons les produits au bord des routes que nous nous sur empoisonnerions ? Il faut savoir raison garder et ne pas oublier que si la chlordécone a été utilisée de façon dérogatoire chez nous, c'est parce que le secteur conventionnel, parce que les lobbies l'ont imposé. Pas le secteur informel.

Enfin, madame la ministre, le principe de précaution doit être appliqué jusqu'au bout. Voilà pourquoi j'appelle votre attention sur un autre scandale qui se profile aujourd'hui : celui de l'Azulox, une substance particulièrement toxique utilisée aujourd'hui, par voie de dérogation, dans les champs de canne à sucre. Ce n'est même pas un pesticide, ce n'est qu'un herbicide, mais celui-ci est particulièrement toxique en milieu aquatique.

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