Intervention de Marine Le Pen

Séance en hémicycle du mardi 13 mars 2018 à 15h00
Consultation sur l'accession à la pleine souveraineté de la nouvelle-calédonie — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarine Le Pen :

Monsieur le président, madame le ministre, monsieur le rapporteur, mes chers collègues, avant d'évoquer le fond du texte, permettez-moi de revenir sur la mission d'information sur l'avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie mise en place par notre assemblée. Malgré vos dires, monsieur le rapporteur, et président de ladite mission, cette dernière a bien exclu une force politique, et non des moindres puisqu'il s'agit de celle dont le candidat, ou plus exactement la candidate, a fait plus 47 % des voix au second tour de l'élection présidentielle…

L'Accord de Nouméa, dont mes collègues et moi-même défendons l'application stricte, comporte trois référendums d'autodétermination. Le présent texte donne les bases de l'organisation du premier référendum.

Tout d'abord, il me paraît indispensable que la parole ne soit pas confisquée par les seuls indépendantistes. À cet égard, le titre même du projet de loi organique me paraît orienté. Nous attendons d'ailleurs de savoir quelle sera la question posée lors de ce référendum : sera-ce celle inscrite dans l'Accord de Nouméa ? Vous savez tout aussi bien que moi l'importance de la formulation de la question lors de ce type de consultation.

En outre, cet accord n'est pas incompatible avec l'affirmation par la France de son souhait de garder en son sein la Nouvelle-Calédonie, dont l'histoire se mêle depuis bien longtemps à celle de la métropole. Nous considérons que ce joyau de l'autre côté du monde fait partie intégrante de notre nation, représente un atout pour notre pays et souligne la présence de la France sur les cinq continents. Et, comme vous le savez, nous refusons et combattons depuis longtemps la logique de déconstruction des nations…

Si, à l'occasion des scrutins d'autodétermination, les Calédoniens décident de demeurer au sein de la France, alors il faudra bien sûr leur proposer un statut constitutionnel nouveau, au terme d'une démarche fondée sur de larges discussions politiques, sur la recherche du consensus et sur le respect mutuel. Ce statut devra concilier les légitimes aspirations des uns et des autres mais, évidemment, en tenant compte du choix exprimé de demeurer dans le cadre national.

Mais je mets en garde nos compatriotes de Nouvelle-Calédonie : je crains en effet qu'en cas d'indépendance totale, ce ne soit pas la population calédonienne qui prenne le pouvoir mais de grandes entreprises multinationales qui viendront piller le riche sol calédonien, les formidables ressources minières aiguisant bien sûr les appétits. Ce qu'un État comme la France apporte en termes de services et de protection, les entreprises privées mondialisées s'en moquent ! le profit étant malheureusement leur seul objectif.

Un mot sur le rôle de l'État dans l'attente de l'aboutissement du processus tracé par l'Accord de Nouméa. L'État doit continuer de jouer son rôle d'arbitre impartial dans l'application de l'Accord. Il doit donc veiller à ne pas favoriser une solution plutôt qu'une autre et dialoguer avec tous les partenaires, même si, comme je l'ai déjà dit, il peut exprimer le voeu, comme nous le souhaitons, que l'histoire de la France et de la Nouvelle-Calédonie demeure dans le futur une histoire commune.

Mais surtout, l'État doit exercer pleinement ses compétences régaliennes et d'abord garantir la sécurité des personnes et des biens et maintenir l'ordre public, comme partout sur le territoire national, car la violence n'est, pas plus en Nouvelle-Calédonie qu'ailleurs, un moyen de règlement des différends politiques ou d'amélioration de la condition sociale de ceux qui y ont recours. Comme j'ai pu moi-même le constater lors de mes séjours en Nouvelle-Calédonie, les incidents, presque quotidiens, sont davantage des faits de délinquance – analogue à celle qui existe dans certaines banlieues de métropole – que des affrontements entre loyalistes et indépendantistes, comme certains en métropole le souhaiteraient. L'État doit jouer pleinement le rôle qui est le sien dans l'accompagnement des projets liés au nickel, et, là aussi, respecter pleinement ses engagements en faveur de la pérennité et du développement des ressources minières du territoire.

Comme vous le savez, l'outre-mer a toujours été au coeur de mon engagement politique. Pour la Nouvelle-Calédonie, je n'ai qu'un souhait à formuler : que le référendum exprime l'attachement des Calédoniens à la France et que les différentes parties trouvent la solution politique qui permettra une large autonomie dans le cadre de la République une et indivisible.

Et dans le cas où l'indépendance serait rejetée, je compte évidemment sur le Gouvernement pour demander le retrait de la Nouvelle-Calédonie de la liste de l'ONU des pays à décoloniser. Nos compatriotes de Nouvelle-Calédonie ne doivent pas avoir le sentiment qu'une fois de plus, en France, leur vote ne serait ni entendu, ni respecté !

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