Intervention de Sabine Rubin

Séance en hémicycle du mercredi 14 mars 2018 à 15h00
Organisation des jeux olympiques et paralympiques de 2024 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSabine Rubin :

Cependant, une fois la candidature de Paris avalisée, nous pensions également que ces Jeux pouvaient être l'occasion de développer les infrastructures de proximité, en plaçant au coeur de l'action la question de l'héritage pour nos collectivités territoriales, mais aussi de démocratiser profondément et durablement la pratique sportive, vecteur d'émancipation collective et d'épanouissement individuel, et enfin de construire de nouveaux logements sociaux, afin de faire face à la pénurie qui sévit en Île-de-France comme à la cherté des loyers.

Bref, cela aurait pu être l'occasion de profiter de dépenses publiques – trop rares en ces temps d'austérité – pour investir utilement au service de l'intérêt général. Mais de cela, il n'est pas question dans la loi. En revanche, les récentes annonces du Gouvernement, comme les alertes sur les possibles dérapages financiers dénoncés dans un rapport bientôt disponible, nous forcent à une vigilance constante.

Aujourd'hui même, je lisais un dossier de presse égrenant les multiples risques de surcoût dans l'organisation de ces Jeux. Pêle-mêle, on y trouve le prochain centre nautique de Saint-Denis, dont le budget initial de 130 millions pourrait bien être multiplié par deux et le village des médias, dont le nombre de logements pourrait être revu à la baisse ; on y apprend aussi le probable abandon du site devant accueillir le volley au Bourget, dont le surcoût est étroitement lié aux importants travaux de dépollution nécessaires sur le site – cas loin d'être isolé, au sein de territoires marqués par les nombreuses pollutions industrielles.

Ce probable gonflement de la note à régler par les contribuables n'est malheureusement pas une surprise pour nous. L'engagement de la majorité à plafonner strictement le budget des Jeux à 6,8 milliards d'euros doit être considéré à l'égal des promesses de campagne, qui n'engagent souvent que ceux qui y croient.

Il y a fort à craindre que Paris suive les exemples de Londres, d'Athènes ou de Barcelone, villes qui toutes ont vu leur budget initial exploser – comme il y a fort à craindre que la vigilance de la représentation nationale, en l'état, n'évite pas une gabegie financière.

Mon département, la Seine-Saint-Denis, se trouve dans une situation des plus paradoxales. C'est l'un des territoires les plus sollicités pour l'organisation des Jeux, mais aussi l'un des moins bien pourvus en matière d'équipements sportifs : à peine seize équipements pour 10 000 habitants, voire huit dans les quartiers prioritaires, contre quarante-neuf au niveau national. À la pénurie d'équipements s'ajoute le vieillissement de l'existant : 47 % des structures construites ou rénovées l'ont été il y a plus de vingt ans.

J'aimerais maintenant aborder avec vous un autre problème qui touche de près nos territoires : on nous avait promis un Grand Paris Express, et la mise en service de la totalité des 200 kilomètres de ligne à l'horizon 2024. Mais, avec la désignation de la France comme pays hôte, vous êtes contraints à des arbitrages politiques sur le calendrier. Le Premier ministre a ainsi décidé de privilégier les lignes 14, 15, 16 et 17, précisant qu'elles étaient « nécessaires pour le bon déroulement des Jeux ». Les autres Franciliens attendront !

Nous sommes d'ailleurs inquiets pour une de ces lignes, la 17 : l'achèvement des travaux dans le délai imparti n'est pas certain, alors qu'elle doit desservir le village des médias.

Comprenons-nous bien : une fois de plus, ce n'est pas le principe des Jeux olympiques que nous remettons en cause, mais les choix que l'accueil d'un tel événement nous impose au détriment des citoyens, de l'écologie et de l'argent public.

Nous comprenons que ce processus ait été entamé avant que vous soyez aux commandes. Mais comprenez la colère des habitants et des élus quand vous leur annoncez que vous allez privilégier les lignes qui desservent les sites des Jeux olympiques plutôt que de leur offrir la même qualité de service public qu'aux autres Franciliens !

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.