Intervention de général Jean-François Ferlet

Réunion du jeudi 8 mars 2018 à 9h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

général Jean-François Ferlet, directeur du renseignement militaire :

Chacun de nous a un périmètre d'action bien défini. Nous ne travaillons pas sur le territoire national. En revanche, lorsque nous travaillons sur des djihadistes à l'étranger, compte tenu des nouvelles technologies, des réseaux sociaux et des interconnexions entre les djihadistes du monde entier, il arrive que nous tombions sur des personnes qui ont des liens avec d'autres personnes qui vivent ou vont retourner en France.

La règle qui est appliquée systématiquement aujourd'hui sur ce type de cas est très simple et elle est la suivante : transmettre immédiatement le renseignement que nous trouvons– même si ce n'est pas dans notre mission – au service de renseignement qui pourrait en avoir besoin ; en l'occurrence, la DGSI. De la même façon, si nous trouvons des informations sur des comptes bancaires de terroristes dans le Sahel, nous les transmettons à TRACFIN. Et, dans le doute, nous le donnons quand même. Cela n'arrange pas forcément les autres services de renseignement, qui rencontrent les mêmes problèmes que moi en matière de gestion des données.

J'en viens aux capteurs ROHUM – acronyme de « renseignement d'origine humaine ». Le traitement des sources est effectivement une activité très sensible. Nous avons des capacités dans les armées et dans chaque service. Moi-même, je suis plutôt en interaction avec ce que fait la DGSE à l'étranger, puisque nous travaillons, nous aussi, essentiellement à l'étranger. Voilà pourquoi le traitement des sources est coordonné, sur les théâtres, avec la DGSE. Nous faisons bien attention à ne pas traiter deux fois la même source, au risque de perturber l'action de l'un ou de l'autre, voire de se faire instrumentaliser.

Vous avez évoqué la difficulté que représente l'important turnover des militaires en opérations extérieures – en général, quatre ou six mois. Malgré tout, nous ne pouvons pas fonctionner autrement. Il a donc fallu faire en sorte de pallier cet inconvénient.

Nous avons des régiments spécialisés sur les théâtres d'opérations, en auto-relève, dans le traitement des sources humaines. Nos militaires restent effectivement quatre ou six mois en OPEX. Voilà pourquoi, quatre mois avant de partir en opération, l'équipe qui va être projetée travaille déjà en France sur la connaissance des sources et est en contact permanent avec l'équipe déjà en place sur le théâtre. C'est comme si elles formaient une seule équipe : une partie est sur le terrain, l'autre partie travaille en arrière-plan et sera ensuite projetée. Cette préparation intellectuelle permet de disposer de plusieurs années d'historique sur le traitement de ces sources. Et cela donne entière satisfaction avec de beaux résultats opérationnels. Je n'ai pas entendu qu'on se soit plaint de la façon dont nous traitons nos sources. Bien au contraire.

J'ai également été interrogé sur la répartition des effectifs. Pour la période 2019-2022, la DRM devrait bénéficier directement de 90 personnels supplémentaires sur un total de 1 500, et 211 personnels de plus seront dévolus aux unités spécialisées de renseignement des armées sur lesquelles la DRM s'appuie. L'effort total sera donc d'environ 300 personnels.

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