Intervention de Jean-Jacques Bridey

Séance en hémicycle du mardi 20 mars 2018 à 15h00
Programmation militaire pour les années 2019 à 2025 — Présentation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Jacques Bridey, rapporteur de la commission de la défense nationale et des forces armées :

Monsieur le président, madame la ministre, madame la secrétaire d'État auprès de la ministre des armées, madame la présidente de la commission des affaires étrangères, madame et messieurs les rapporteurs pour avis, mes chers collègues, dix minutes pour résumer plusieurs mois de préparation, quatre semaines d'audition – vous avez été, madame la ministre, la première entendue le 8 février, et la dernière aussi, le 8 mars – et douze heures d'examen en commission la semaine dernière, c'est bien court. Je vais néanmoins m'y efforcer.

Au nom de mes collègues, je voudrais souligner à quel point nous avons été enthousiasmés par la qualité des auditions, la précision des exposés, la clarté des exposés et réponses de tous ceux que nous avons entendus : responsables militaires ou administratifs, par exemple de la DGA – la direction générale de l'armement – , professionnels du renseignement, industriels… bref, toutes celles et tous ceux qui forment la communauté militaire, la communauté de défense. Leur excellence, leur savoir-faire, leur professionnalisme est à la hauteur des défis qu'ils doivent relever ; notre nation peut leur accorder toute sa confiance.

Dans le projet de loi que vous venez de nous présenter, madame la ministre, on lit l'effort nécessaire pour faire remonter en puissance nos armées.

Il faut d'abord un effort de cohérence, vous l'avez dit. La revue stratégique de défense et de sécurité nationale a proposé pour l'horizon 2030 la construction d'un modèle d'armée complet et équilibré, à même de mener à bien les missions qui lui sont assignées, de façon soutenable. Cet effort devra être consenti dans la durée ; il faudra monter les marches progressivement et encourager toutes les initiatives qui nous permettront de réussir ce pari.

Il nous faudra aussi consentir un effort budgétaire, qui, vous l'avez rappelé, doit nous mener jusqu'en 2025 : progressivement, nous remplirons la promesse formulée par le Président de la République, lorsqu'il était candidat, de porter à 2 % du PIB l'effort de défense. Cet effort budgétaire est possible puisqu'il est cohérent avec la loi de programmation des finances publiques que la majorité a votée ; il est soutenable aussi parce que les dépenses consacrées aux OPEX et les reports de charges seront contraints. Ainsi, ce budget sera facilement exécutable d'année en année.

La présente loi de programmation coïncide avec un tournant géostratégique. Vous avez rappelé, madame la ministre, les attentats qui ont fait plus de 230 victimes sur le sol national il y a quelques mois ; vous avez rappelé le retour des États puissances, qui montrent de temps en temps leurs muscles par tous les moyens – aériens, sous-marins, terrestres. Il faut aussi souligner l'importance de la tension migratoire que connaître notre continent. Dans ce contexte de bouleversements géostratégiques, la revue stratégique a rappelé le rôle international que notre pays doit tenir, au service de la paix, de la stabilité et de la démocratie.

Cette loi de programmation marque un autre tournant, car elle a été préparée d'une façon que nous ne connaissions pas : six mois d'élaboration, mais aussi le lien établi avec la revue stratégique, dont elle prend toutes les conclusions en compte, et encore un calendrier en trois phases, avec une promesse d'actualisation – lorsque l'on réfléchit à l'horizon 2030, des bouleversements et des renoncements sont possibles, et il faut pouvoir actualiser nos textes.

Vous avez rappelé les trois horizons dont je voulais parler, madame la ministre : 2023, 2025, 2030.

Le premier horizon, c'est 2023 : la réparation des paris risqués en matière de défis capacitaires, et malheureusement perdus, des précédentes lois de programmation militaires. Nous manquons de ravitailleurs aériens ou maritimes. Nous manquons de patrouilleurs. Nos soldats attendent avec beaucoup d'impatience que le programme SCORPION soit mené à bien car c'est leur quotidien, leur sécurité, leur vie. Cette réparation doit se faire et elle est en marche, avec des inflexions budgétaires que vous avez rappelées : notre budget aura augmenté de 25 % en 2023.

Le deuxième horizon, c'est 2025 : la préparation de l'avenir. Je pense d'abord à la coopération européenne, qui, d'ici là, je l'espère, aura pris corps. Mais, d'ici à 2025, il faudra aussi que le Président de la République, quel qu'il soit, opère des choix à propos du système de combat aérien futur, du prochain porte-avions, des prochains SNLE – sous-marins nucléaires lanceurs d'engins – et du prochain char.

Enfin, le troisième horizon, l'horizon ultime, c'est 2030 : le modèle d'armée, je n'y reviendrai pas.

Cette loi de programmation est tournée vers l'homme, vous l'avez rappelé, madame la ministre : elle prend en considération les conditions de vie, d'hébergement, d'entraînement, d'exercice des métiers, qui seront renouvelées, modernisées, adaptées pour qu'enfin nos soldats et leurs familles puissent mener leurs missions de la meilleure manière qui soit.

S'agissant du capital humain, elle prévoit 6 000 postes supplémentaires. On aurait peut-être pu faire mieux, certains le diront, mais c'est déjà beaucoup mieux que lorsque l'on faisait disparaître 55 000 postes en dix ans, c'est mieux que lorsqu'on oubliait l'humain dans la préparation des lois de programmation militaire.

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