Intervention de Jean-Luc Mélenchon

Séance en hémicycle du mardi 20 mars 2018 à 15h00
Programmation militaire pour les années 2019 à 2025 — Motion de renvoi en commission

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Mélenchon :

C'est au mystère du tirage au sort pondéré que vous devez cette situation où les motions de renvoi en commission vont toutes au même groupe et qu'il faut faire passer ses propres explications de vote pour une explication globale.

Entends-nous bien : notre groupe n'a pas l'intention de faire le procès de qui que ce soit, ni du passé ni du futur, ni de l'à-côté. Ce n'est pas notre sujet. Nous nous en tenons aux fondamentaux, à savoir que la tâche de l'armée, c'est la défense avant toute chose du territoire national. Or les conditions dans lesquelles celui-ci pourrait être menacé n'ont plus rien à voir avec ce qu'elles étaient il y a seulement dix ans. La civilisation des objets connectés met à la portée de n'importe quel ennemi, par les moyens de la cyberguerre, la paralysie quasi-totale du pays. Dès lors, si c'est là que se trouve le premier front, c'est là que doit se produire la première réplique. Nous croyons donc à la nécessité de créer une cyberarmée, ce qui n'est pas la même chose que de disséminer dans tous les corps d'armée des moyens cybernétiques pour se protéger : il faut une concentration dans un ensemble de cyberforces pour la cyberdéfense et la cyberattaque.

Cela me conduit à dire au passage que certains collègues ont tort de penser que cette question se disjoint de celle du service national : celui-ci a toujours été la capacité de la nation de mettre à la disposition de ses armées des moyens considérables d'intelligence et de savoir-faire. L'armée d'autrefois n'était pas une armée d'amateurs parce que s'y trouvaient des conscrits ; au contraire, c'était une armée de très haut niveau professionnel.

Nous allons voter le renvoi en commission parce que c'est la discussion sur une cyberarmée qui déterminerait ensuite les chiffres. La ministre dit que le chiffre de 2 % ne dépend de l'évaluation de l'OTAN. Dont acte. Mais alors de quoi dépend-il ? Nous, nous ne sommes pas capables à ce stade de chiffrer : que représenterait la mise en place d'une cyberarmée pour occuper les fonctions que je viens de décrire ? C'est donc pourquoi, je le redis, nous voterons le renvoi en commission pour approfondir cette discussion.

Ensuite, il restera, madame la ministre, deux sujets sur la table : premièrement, sachant que notre marine face à notre espace maritime dans le monde, c'est comme si la France ne disposait que de deux véhicules de police pour surveiller tout le territoire national, qu'allons-nous faire ? Deuxièmement, l'espace dans lequel nous devons jouer un rôle est le secteur décisif où se jouent toutes les attaques non létales qui peuvent mettre la France à genoux.

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