Intervention de Emmanuelle Ménard

Séance en hémicycle du mardi 20 mars 2018 à 21h30
Programmation militaire pour les années 2019 à 2025 — Article 2 et rapport annexé

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEmmanuelle Ménard :

Soyons honnêtes, quoiqu'il en soit, nos armées assureront la défense de notre pays. Cette défense sera aussi efficace que pourront l'être les militaires et les civils engagés au service de la France sur lesquels elle s'appuie. Mais elle risque bien d'être assurée sans cette cohérence, cette colonne vertébrale dont elle a besoin. Pourquoi ? Parce que l'on ne nous dit pas, parce que vous ne nous dites pas toute la vérité.

Disons-le clairement, d'un point de vue stratégique, les intérêts de la France ne sont pas ceux de l'Europe, ni ceux de l'OTAN. Or, du fait de ses choix, le Gouvernement nous engage dans une voie où nous ne serons pas maîtres de notre destin. C'est manquer de lucidité que de penser un instant que les Américains aspirent à autre chose qu'à dominer l'Europe, profitant d'un moment où le couple franco-allemand, censé relancer l'Europe de la défense, est des plus fragiles.

Cette Europe de la défense est, à l'heure actuelle, on ne peut plus virtuelle. Comment pourrait-il en être autrement quand certains pays de ladite Europe préfèrent acheter du matériel américain plutôt que du matériel français ? N'est-ce pas le cas, par exemple, de la Belgique, qui choisit des F-35 au détriment de nos Rafale ? On pourra toujours faire de grands discours, se gargariser de grands mots, l'Europe de la défense, cela devrait d'abord être une préférence accordée au matériel issu de la technologie de nos industries européennes. On ne peut que constater qu'il n'en est rien. L'Europe de la défense est aujourd'hui une chimère.

Que faire ? Se jeter dans les bras de nos alliés américains ? Accepter que nos fleurons industriels soient vendus à l'étranger ? Je ne le veux pas, et je crois que les Français ne le veulent pas non plus. Si je suis profondément attachée à une coopération entre les pays de notre vieux continent, j'ai la conviction que nous devons aujourd'hui nous donner les moyens d'assurer notre sécurité, donc notre indépendance. Je n'ai pas le sentiment que nous en prenions le chemin. J'espère de tout coeur me tromper.

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