Intervention de Jean-Luc Mélenchon

Séance en hémicycle du mardi 20 mars 2018 à 21h30
Programmation militaire pour les années 2019 à 2025 — Article 2 et rapport annexé

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Mélenchon :

Vous aurez compris que, d'une intervention à l'autre, je dessine un projet.

Madame la ministre, vous nous avez dit que si vous évaluiez à 2 % du PIB les besoins de défense du pays, ce n'était pas parce que cela avait été décidé par l'OTAN, mais parce que cela correspondait à votre analyse. Tant mieux !

Cependant, il est de mon devoir de vous signaler l'heureuse coïncidence entre, d'une part, votre évaluation et, d'autre part, le chiffre proposé par M. le Président Trump, chiffre accepté tel quel par Mme Merkel et quelques autres zélés de l'OTAN. Les Allemands, qui ont toujours vécu sous protection du parapluie nucléaire nord-américain, n'entendent absolument rien à l'indépendantisme français et se demandent quelle mouche nous pique.

La mouche qui nous pique, c'est que nous ne voulons pas être soumis ni entraînés dans les aventures militaires décidées par les États-Unis d'Amérique. Je ne sais si tous les collègues, bien que la connaissant, se rendent compte de la disproportion des moyens. Pour le budget de la défense des États-Unis d'Amérique, nous parlons de 620 milliards d'euros. Autrement dit, le budget des États-Unis représente à lui seul 50 % du total des dépenses militaires mondiales ; augmentée du budget de leurs alliés, cette part se monte à 80 %. À côté de quoi le budget de notre prétendu ennemi, c'est-à-dire la Russie, qui se trouve à notre Est, est de 50 milliards d'euros, soit moins de 10 % du total des dépenses militaires.

Bref, il convient de remettre les choses d'aplomb : il n'y a aucune raison de continuer à participer à une alliance militaire contre un adversaire qui n'en est pas un. Je ne sais de quoi ont besoin les Hongrois et les Polonais, ni contre qui, mais ce que je sais, c'est que nous n'avons aucun intérêt à y collaborer dans la mesure où nous avons nos propres obligations, que vient de rappeler notre collègue. Je pense à la Calédonie ou à la Polynésie française, dont le territoire a une superficie égale à celle de l'Europe tout entière. Nous avons besoin d'y déployer des moyens de protection et de défense que personne n'assumera à notre place.

Mon temps de parole étant épuisé, je vous retrouverai à l'article suivant.

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