Intervention de Jean-Luc Mélenchon

Séance en hémicycle du mardi 20 mars 2018 à 21h30
Programmation militaire pour les années 2019 à 2025 — Article 2 et rapport annexé

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Mélenchon :

Nous protestons contre l'OTAN, et je ne partage pas votre analyse, car je ne crois pas que ce soit l'OTAN qui a stoppé la Russie : je crois que c'est l'OTAN qui a provoqué la Russie, ce qui n'est pas la même chose.

En ce qui concerne la Crimée, nous n'avons pas le temps d'en parler à cette heure, mais disons simplement que nous sommes fort mal placés pour faire des remarques après ce que nous avons accepté du Kosovo. La méthode que nous avons approuvée lorsqu'il s'est agi de créer le Kosovo ne nous conviendrait plus quand elle est mise en oeuvre à l'autre bout du continent ? Diriez-vous aujourd'hui, en tant que Français – c'est-à-dire chargé de toute une histoire, de souvenirs et parfois d'illusions, comme je le suis moi-même – , que nous avons mené une bonne opération en bombardant la Yougoslavie, plus exactement la Serbie, ainsi que nous l'avons fait ? Était-ce une bonne idée ? Pour ma part, je n'hésite pas à vous dire que non ! Cette trouvaille de l'OTAN est une erreur totale ; avoir créé le Kosovo est une erreur totale. Il s'est ensuivi un enchaînement de situations dont nous récoltons le résultat. Et nous voilà priés de nous esbaudir devant l'attitude rationnelle qu'aurait l'OTAN à l'égard de la Russie. Mais elle ne l'est pas !

Mon collègue Lecoq vient de rappeler ce qui est en train de se passer concernant la Turquie : personne ne trouve rien à redire à ce qu'elle soit entrée en Syrie, sa voisine ! C'est tout de même incroyable ! Et ce sont les mêmes Turcs qui ont abattu un avion de combat russe. Heureusement que les Russes ont du sang-froid et que tout cela n'a pas dégénéré !

Ce que j'en dis n'est en faveur ni de l'un ni de l'autre ; je veux simplement souligner que les Français ont intérêt à rester constamment maîtres de la décision qu'ils prendront, et à se garder de se trouver embarqués dans des escalades dont ils ne contrôlent ni le début, ni le milieu, ni la fin, parce qu'en toutes circonstances, ce sont les Américains qui décident.

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