Intervention de Jean-Luc Mélenchon

Séance en hémicycle du mercredi 21 mars 2018 à 15h00
Programmation militaire pour les années 2019 à 2025 — Article 2 et rapport annexé

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Mélenchon :

Il faut d'abord nous entendre sur les mots : personne ici n'a proposé de baisser la garde. Cependant, si nous proposons, comme nous l'avons fait au début du débat, la constitution d'une cyberarmée, vous êtes en droit de nous demander avec quoi nous la paierions. L'une de nos premières réponses est donc de nous demander quelle est l'utilité des autres armements que nous engageons. Comme l'a dit en effet M. Furst, avec cette loi de programmation militaire, il y en a pour plusieurs années et pour des dizaines de milliards : ce n'est pas rien.

Pouvez-vous nous convaincre ? Bien sûr ! C'est très facile : garantissez à la représentation nationale qu'un avion équipé d'une arme nucléaire ne peut pas être intercepté et que ni ses liaisons avec l'arrière ni sa décision électronique de tir ne peuvent être contrariées depuis l'espace, et nous serons convaincus.

L'utilisation gesticulatoire de l'arme nucléaire n'est pas crédible. Si vous envoyez un avion avec une arme nucléaire, mais que chacun sait que vous n'êtes pas en état de vous en servir, cela ne s'appelle pas de la dissuasion et cela ne dissuade personne. Nous parlons ici d'efficacité : la question que sous-entend notre intervention est celle que posait tout à l'heure M. Furst.

Nous savons bien qu'en soi, la guerre est un acte qui ne rejoindra jamais nos préoccupations morales, mais ce n'est pas le sujet : nous parlons ici d'efficacité militaire. Comme vient de le dire notre collègue Lecoq, nous n'aborderons pas ici la question de savoir où nous en sommes. Qui ici peut dire qu'il a la garantie que, pour l'instant, on ne détecte pas les sous-marins depuis l'espace ? Pour ma part, je le crois, et c'est la raison pour laquelle nous n'avons pas déposé d'amendements tendant à faire l'économie de cette composante. Je crois en revanche savoir que l'efficacité de tout ce qui est aéroporté est égale à zéro.

Vous avez raison, chers collègues, il faudrait que nous puissions avoir cette discussion à huis clos, car tout repose sur la dissuasion : si les outils que nous utilisons ne dissuadent plus personne, ils ne servent à rien et il faut alors envisager les sujets par un autre bout, comme je vous ai proposé de faire en début de discussion avec la constitution d'une cyberarmée.

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