Intervention de Emmanuelle Ménard

Séance en hémicycle du mercredi 21 mars 2018 à 15h00
Programmation militaire pour les années 2019 à 2025 — Article 2 et rapport annexé

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEmmanuelle Ménard :

Le Gouvernement affirme son ambition de restaurer l'autonomie stratégique de la France. Très bien. C'est effectivement en prenant cette direction que la France pourra rester la première puissance militaire européenne et, peut-être, gagner quelques rangs au niveau mondial. Car, je le rappelle tout de même, la France était, en 2017, la cinquième puissance militaire derrière les États-Unis, la Russie, la Chine et… l'Inde, pays que l'on qualifie pourtant d'« émergent ».

À la lecture du rapport annexé, je m'étonne, je vous l'avoue : la politique de défense française y est systématiquement associée, je dirais même intrinsèquement liée soit à la construction d'une Europe de la défense, soit à l'OTAN.

C'est ainsi que la France se trouve dans une impasse, pour ne pas dire qu'elle risque la schizophrénie : comment rendre compatibles trois intérêts divergents ?

Ensemble, nous sommes plus puissants pour intervenir sur certains théâtres d'opération. C'est un fait. Mais comment ne pas dire que la volonté de coopérer est en train de dériver, alors que Berlin invite à « devenir plus européen tout en demeurant transatlantique » et que les États-Unis affirment dans le même temps que la défense commune est une mission pour l'OTAN, et pour l'OTAN seule ?

N'y a-t-il pas là un immense paradoxe ? Où se trouvent les intérêts de la France ? Sous prétexte de coopération renforcée, notre pays se retrouve pieds et poings liés tant à une Europe de la défense, peut-être souhaitable mais aujourd'hui dans une impasse stratégique, qu'à l'OTAN, à travers laquelle les États-Unis essaient systématiquement de nous tenir en laisse. C'est d'ailleurs ce qui s'est passé en Syrie en 2013, quand Barack Obama a décommandé à la dernière minute une opération de représailles, laissant François Hollande dans une position pour le moins embarrassante.

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