Intervention de André Chassaigne

Séance en hémicycle du mercredi 21 mars 2018 à 15h00
Programmation militaire pour les années 2019 à 2025 — Article 2 et rapport annexé

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAndré Chassaigne :

Il nous amène à changer de registre. J'aurais presque demandé une suspension de séance avant de commencer, le temps d'extraire de la bibliothèque 1984 de George Orwell et les Cahiers de prison d'Antonio Gramsci.

En effet, il s'agit dans cet amendement du poids des mots et de leur signification. Or ces deux ouvrages ont montré que perdre la bataille des mots, c'est perdre la guerre des idées car les mots s'ancrent dans nos discours, dans nos réflexions et construisent nos idées.

Or le texte que nous étudions recourt à des formules mal différenciées : « terrorisme djihadiste », « menace terroriste d'inspiration djihadiste » – par exemple à l'alinéa 85 sur lequel porte l'amendement – ou encore « terrorisme islamiste »… Si l'on se penche sur ces mots, on voit bien que règne une forme de flou sémantique, je dirais même une nébuleuse linguistique, voire un brouillard intellectuel.

L'islamisme est un courant politique, au même titre que le réformisme libéral ou le socialisme arabe. Le djihadisme, qu'évoque le texte, est une notion bien plus complexe. Il existe le djihad majeur, qui est un combat spirituel contre l'ego et les passions, et le djihad mineur, qui est le combat meurtrier des terroristes qui détruit des vies innocentes et entretient la peur.

Je ne veux pas particulièrement faire preuve d'érudition ; mais il ne faut pas, je crois, utiliser un mot aussi polysémique, qui par là même prête à confusion. Je propose donc d'en rester au « terrorisme » et de supprimer l'expression « d'inspiration djihadiste ».

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