Intervention de Dominique Minière

Réunion du jeudi 15 mars 2018 à 10h15
Commission d'enquête sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires

Dominique Minière, directeur du parc nucléaire et thermique d'EDF :

Je vous explique simplement que toute personne qui entre normalement sur notre site passe par un système de criblage : elle présente son badge et le badge est vérifié. Mais pour les personnes qui entrent de façon illégale sur notre site, je ne sais pas ce qu'il en est. Je ne sais pas ce que font les associations qui organisent ce genre d'opérations : c'est en cela que l'on dit que c'est irresponsable. Et si elles ne contrôlent personne, c'est encore plus irresponsable.

Pour ce qui est des caractéristiques mécaniques, on peut remplacer tout équipement, à l'exception de la cuve et de l'enceinte de confinement. Si l'on s'interroge sur un équipement – on a parlé des cheminées de Fessenheim 2 ou du générateur de vapeur de Flamanville 3 –, on regarde s'il est possible de continuer à l'exploiter en toute sûreté et jusqu'à quand. Sinon, on le remplace. Cela n'empêche pas les réacteurs de continuer à fonctionner. La seule chose qui peut effectivement conduire à s'interroger, c'est le critère de rentabilité économique. Mais la plupart de nos équipements ont été remplacés au bout de trente ans environ : vous retrouvez alors un potentiel de trente ans supplémentaires avant d'avoir à procéder à un nouveau remplacement. Voilà pourquoi je réponds que, globalement, je n'ai pas d'inquiétude sur notre capacité à amener nos réacteurs à soixante ans, sachant que deux éléments peuvent limiter leur durée de vie : la capacité de la cuve à subir des irradiations et la résistance de l'enceinte de confinement. Ce sont les deux seules choses qui ne sont pas remplaçables. Mais je sais d'ores et déjà que, compte tenu des dispositions que nous avons prises, le niveau d'irradiation supporté par la cuve au bout de soixante ans sera de l'ordre de ce qui avait été initialement prévu pour quarante ans. Certains ont demandé pourquoi on n'envisagerait pas, comme aux États-Unis, de les prolonger jusqu'à quatre-vingts ans ; en l'état actuel de nos connaissances techniques, je ne suis pas en mesure de garantir qu'on peut aller au-delà de soixante ans. Je ne saurai donc corroborer de tels propos. En revanche, je suis confiant sur le fait que nous pourrons mener nos cuves et nos enceintes de confinement à soixante ans.

À la suite de ce qui s'est passé au Creusot, nous avons renforcé nos pratiques de surveillance des fabrications. Nous avons mis en place un plan de lutte contre les fraudes chez nos fournisseurs, qui nous permet aujourd'hui de prévenir nos fournisseurs que, dorénavant, nous pourrons aller chez eux, prendre des pièces et les analyser nous-mêmes, et procéder à un certain nombre d'audits. Et nous ne nous priverons pas de le faire. Nous renforçons clairement notre dispositif de détection et de lutte anti-fraude. Il n'y a aucun doute dans notre esprit. Nous avons présenté notre plan à l'autorité de sûreté qui elle-même prendra un certain nombre de dispositions de renforcement, ce qui me paraît tout à fait normal.

S'agissant du cas relevé par Mme la rapporteure tout à l'heure, je peux vous dire que nous l'avons creusé et que la compagnie concernée, dont je ne veux pas citer le nom, a décidé de creuser elle aussi. C'est elle qui a détecté un point de faiblesse chez un de ses opérateurs, qui était à l'origine de l'anomalie.

Lorsqu'un tel cas se présente, on prend certaines dispositions. Si l'anomalie a des conséquences sur la sûreté, on arrête éventuellement les réacteurs et on remplace les équipements. S'il n'y en a pas, on peut continuer de fonctionner. Mais on procède systématiquement à une analyse. Il faut toutefois relativiser : ces cas ne se comptent pas par milliers. Sur les 6 000 dossiers du Creusot que sommes en train d'étudier, pour l'instant, trois seulement posent problème – à Fessenheim 2, Gravelines 5 et Flamanville 3. Quoi qu'il en soit, c'est dans ce sens-là qu'on travaille, et il n'est pas question de laisser tourner une centrale si nous avons le moindre doute sur notre équipement.

Je m'aperçois que je n'ai pas répondu à la question relative au transport de combustible – en l'occurrence d'hexafluorure d'uranium. Mais je suis un peu ennuyé pour vous répondre : cela ne relève pas directement d'EDF.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.