Intervention de Marc Fesneau

Séance en hémicycle du mardi 27 mars 2018 à 15h00
Questions au gouvernement — Attentats dans l'aude

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarc Fesneau :

Monsieur le Premier ministre, les actualités se télescopent et nous laissent stupéfaits. À Trèbes, vendredi dernier, Arnaud, Jean, Hervé et Christian sont morts, dans les circonstances que nous connaissons. À Paris, le même jour, Mireille, rescapée du Vél d'Hiv, a été assassinée par antisémitisme. Ces deux actes ont la même origine : l'ignorance, la haine et la cruauté, se rejoignant toutes trois en la plus infâme barbarie.

Ce déchaînement, qui fait suite aux autres actes similaires qui se sont produits sur notre sol, nous écrase par son caractère ignoble. Pourtant, dans cette noirceur absolue, a surgi une lumière, qui a pris le visage du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame. Tous ici, nous nous inclinons devant le courage incroyable dont il a fait preuve ce vendredi matin en prenant la place d'une otage.

Puissance du mal, puissance du bien, nous manquons de mots dans les deux cas pour dire notre sentiment, soit qu'il nous répugne, soit que nous l'admirions. Il est néanmoins de notre responsabilité, en ce lieu, de dire tout haut ce que nous considérons comme grand et noble. L'acte d'Arnaud Beltrame nous oblige et nous honore : il répond par l'honneur et la vertu à l'égoïsme et à l'obscurantisme. Nous devons le regarder avec toute l'humilité qu'appelle ce geste. C'est pourquoi nous souhaitons lui adresser notre reconnaissance, ce qui sera fait demain lors de la cérémonie d'hommage national aux Invalides.

Devant la barbarie, mes chers collègues, l'essentiel tient en l'attitude des hommes, car ce combat se fait autant par la loi que dans la conscience de chacun. Pour le mener, nous avons besoin d'exemples, de figures, de références. Nous avons besoin d'admirer, de respecter, d'espérer.

Monsieur le Premier ministre, avant de vous entendre sur la réponse que peut apporter le Gouvernement, c'est-à-dire sur les leçons à tirer collectivement de ces événements, je veux rappeler ces vers de Victor Hugo décrivant les paladins, dans La Légende des siècles :

« Ils étaient, dans des temps d'oppression, de deuil,

« De honte, où l'infamie étalait son orgueil,

« Les spectres de l'honneur, du droit, de la justice. »

Le lieutenant-colonel Beltrame était l'un d'entre eux.

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