Intervention de Jean-Luc Mélenchon

Séance en hémicycle du mercredi 26 juillet 2017 à 15h00
Confiance dans la vie publique — Article 2 ter c

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Mélenchon :

Permettez-moi, avant que nous ne passions au vote, de vous faire part de la vision de l'État que le groupe La France insoumise veut porter.

Nous comprenons qu'on quitte la fonction publique – c'est une liberté individuelle. Mais disons les choses comme elles sont : on ne quitte pas la fonction publique du fait de ses seuls vertus et talents – du talent, il y en a partout – , on la quitte parce qu'on possède un carnet d'adresses et un réseau d'influence. C'est une façon pour des intérêts privés d'acheter le fruit d'une carrière au service de l'État.

En outre, le haut fonctionnaire sait désormais qu'il est non seulement possible mais bien vu, accepté, voire encouragé, de passer du public au privé et d'y revenir ensuite. C'est une source de corruption, de corruption morale. Nous sommes d'accord pour que les fonctionnaires partent mais nous ne sommes pas d'accord pour qu'ils reviennent. Vous avez le droit d'être en désaccord avec cette philosophie.

Hier, j'ai entendu des propos fort déplaisants pour les fonctionnaires. D'aucuns ici pensent que les fonctionnaires vivraient dans un monde clos, un entre-soi, pétrifiés et incapables d'émettre la moindre idée ; seuls ceux qui connaîtraient l'air frais au contact des « clients » pourraient comprendre la mentalité de l'usager. Il n'en est rien.

Madame la ministre, vous fûtes rectrice et moi ministre. Je me souviens que vous n'étiez pas une personne fermée. Au contraire, vous étiez ouverte à toutes les innovations, vous les accueilliez avec tout votre talent de fonctionnaire.

Les fonctionnaires ont construit l'État. Ils le portent aujourd'hui sur leur dos. Je demande que nous ayons ici une pensée pour la haute fonction publique, que nous reconnaissions aux fonctionnaires des vertus qu'ils acquièrent par la pratique de leur métier au service de l'État qui est un lieu d'émulation, d'intelligence, de compréhension et de dévouement absolu.

Que ceux qui veulent partir usent de la liberté constitutionnelle de le faire, mais qu'ils n'empoisonnent pas l'État en y revenant !

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