Intervention de Edouard Philippe

Séance en hémicycle du mercredi 28 mars 2018 à 15h00
Questions au gouvernement — Situation à mayotte

Edouard Philippe, Premier ministre :

Pardon ! Permettez-moi, mesdames et messieurs les députés, de remercier les élus locaux du département de Mayotte qui, en dépit des difficultés, ont remarquablement rempli leur rôle. Ils ont organisé le scrutin dans de bonnes conditions et je tiens ici à les en remercier.

Mayotte connaît depuis plusieurs semaines un mouvement social majeur, une mobilisation de citoyens qui réclament plus de sécurité, plus de développement et plus d'État. Avec Mme la ministre des outre-mer et l'ensemble du Gouvernement, nous sommes évidemment sensibles et attentifs au message d'impatience, de colère, d'inquiétude et de peur parfois qui nous est adressé.

Pour y répondre, des mesures d'urgence ont été décidées, notamment l'envoi dans le département de forces de sécurité supplémentaires destinées, dans toute la mesure du possible, à ramener l'ordre et à envoyer le signal que nous ne voulons pas laisser s'installer, voire dégénérer cette situation. Les forces de sécurité ont été envoyées et elles ont pu par leur action confirmer ce message de la façon la plus concrète possible. Je les en félicite.

Il convient d'ajouter à ces mesures la sécurisation des établissements et des transports scolaires, la lutte contre l'insécurité et la lutte contre l'immigration illégale, dont chacun sait ici, madame la députée, combien elle constitue un fléau pour Mayotte. En effet, soixante-dix kilomètres séparent les îles comoriennes de Mayotte et le différentiel de niveau de vie est tel entre le département et l'Union des Comores que la pression à l'immigration illégale est considérable.

Nous avons pris la décision ce matin, en conseil des ministres, d'envoyer dans le département un nouveau préfet qui, en tant que délégué du Gouvernement, devra mettre en oeuvre la feuille de route que je lui ai donnée et qui a été annoncée par Mme la ministre des outre-mer, dont je tiens à saluer l'action. J'ai moi-même adressé à l'ensemble des élus mahorais un courrier leur indiquant la méthode, que je leur propose, pour travailler sur les dossiers avec non seulement le préfet, mais toute la nouvelle équipe que nous avons désignée. Les premiers retours me laissent à penser que les élus ont accepté cette méthode, même si elle est remise en cause par plusieurs acteurs du mouvement social.

Au cours de la troisième semaine du mois d'avril, je recevrai les élus politiques mahorais pour nourrir ce dialogue et vérifier que nous sommes sur le bon chemin, ce qui nous permettra, madame la députée, de faire que les engagements pris par l'État soient tenus dans la durée et que l'avenir de ce département se construise dans de bonnes conditions.

Je dirai un dernier mot, madame la députée, qui n'est pas facile à entendre mais qui est indispensable. Nous ne réglerons pas durablement la situation de Mayotte sans travailler, sans discuter et sans convenir de plusieurs points avec l'Union des Comores. La discussion doit être ferme et confiante avec les Comores si nous voulons établir une solution durable à Mayotte. Je sais que ces propos ne sont pas toujours acceptés à Mayotte : je les pense toutefois profondément. Il n'y a de solution que dans une très grande résolution de l'État, dans la méthode que j'ai proposée et dans une relation ferme et confiante avec les Comores.

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