Intervention de Christophe Bouillon

Séance en hémicycle du mercredi 4 avril 2018 à 15h00
Questions sur le financement de l'aide publique au développement

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristophe Bouillon :

Monsieur le secrétaire d'État, la France doit respecter ses engagements internationaux en termes de solidarité internationale et de coopération au développement. Je salue à cet égard les annonces faites par le Gouvernement à l'occasion du ClClD, qui vont dans le bon sens. Il est en effet urgent de rapprocher l'effort français en matière d'aide au développement du niveau – 0,7 % du PIB – déjà atteint par de nombreux bailleurs de fonds.

Néanmoins, il est défi immense auquel le Gouvernement doit répondre : l'amélioration de la qualité de l'aide. Il est absolument nécessaire de rendre nos engagements plus qualitatifs en s'attaquant de façon plus efficacement aux facteurs à l'origine des conflits et des crises qui se sont multipliés ces dernières années dans les pays du sud.

Nous savons aujourd'hui que les crises les plus aiguës sont souvent nées de politiques délibérées de marginalisation de certains territoires et d'exclusion systématique de certains groupes sociaux. Nombre de rapports ont mis ces éléments en évidence – je vous renvoie à celui que la Banque mondiale et les Nations unies ont publié en 2017 sur la prévention des conflits violents. Nous savons également que l'aide au développement peut produire involontairement des effets négatifs. Cela a été le cas de l'aide bilatérale : au mieux, elle ignorait les facteurs de marginalisation déjà cités ; au pire elle les aggravait en apportant aux gouvernements partenaires, dont les niveaux de corruption sont variables, mais connus, un appui insuffisamment assorti de conditions.

L'heure est donc venue de proposer une aide au développement plus efficace, susceptible de traiter à la racine les causes des crises, et pas seulement leurs symptômes. Bien sûr, la France doit répondre aux appels humanitaires. Cependant, la tentation est grande, pour le Gouvernement, de pousser l'aide bilatérale à rechercher des résultats toujours plus rapides et visibles, et donc d'opter pour des actions simples, sur lesquelles il est facile de communiquer auprès du grand public. Or une telle tentation peut être en contradiction totale avec la nécessiter de réduire les causes profondes et structurelles des crises.

C'est donc sur ce point, monsieur le secrétaire d'État, que je souhaite interpeller le Gouvernement. Quelles sont vos ambitions en termes de qualité de l'aide ? Serez-vous attentif à ce que notre aide bilatérale ne privilégie pas les résultats rapides et facilement vendables, mais s'attaque effectivement aux phénomènes qui alimentent les crises que nous connaissons ? Comment comptez-vous vous assurer que ces efforts ne resteront pas vains si le contexte politique et diplomatique du pays concerné est défavorable ? Enfin, plus largement, quelle est votre stratégie pour articuler diplomatie, développement et défense sur tous les terrains de crise ?

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