Intervention de Régis Juanico

Séance en hémicycle du mercredi 4 avril 2018 à 21h35
Questions sur le programme de privatisations du gouvernement

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaRégis Juanico :

Monsieur le ministre, ici même, le 21 février dernier, j'alertais le ministre des comptes publics, Gérald Darmanin, sur les risques d'une privatisation de la Française des jeux. Ce secteur d'activité nécessite une régulation puissante et cohérente pour des raisons de santé publique, d'ordre public, de lutte contre la fraude et de protection de nos concitoyens contre les risques de dépendance. La Française des jeux n'est pas une entreprise comme les autres, car le jeu n'est pas une marchandise comme les autres. Selon l'Observatoire des jeux, ceux proposés par la Française des jeux causent 60 % du problème du jeu problématique en France. C'est certes logique au regard de son poids dans le secteur, mais on peut estimer à 900 millions d'euros les seuls coûts directs sur le budget de l'État et à 8,7 milliards l'ensemble des coûts économiques et sociaux du jeu problématique dus aux activités de la Française des jeux. Christophe Blanchard-Dignac, son ancien président, estimait lui-même qu'il était parfois difficile d'arbitrer entre les résultats de l'entreprise et la responsabilité sociale de l'entreprise. C'est ce qui l'avait conduit à supprimer le jeu Rapido, considéré comme trop addictif, en 2014. Qu'en sera-t-il avec un actionnaire privé ? Que pèsera la défense du jeu responsable par les dirigeants de la Française des jeux face à la tentation des actionnaires de maximiser leurs dividendes ?

L'autre inquiétude, monsieur le ministre, porte sur le financement du sport. La Française des jeux est le premier contributeur du sport pour tous dans notre pays, un effort qui a représenté l'an dernier 80 % des ressources financières du CNDS, le Centre national de développement du sport, via les prélèvements sur ses jeux de loterie, de grattage et de pari sportif. Mais ces taxes affectées ont été ramenées par votre gouvernement de 210 millions d'euros en 2017 à 93 millions d'euros en 2018 pour la seule Française des jeux. Faut-il voir dans ce coup de rabot de moitié, sans précédent de la part de Bercy, une première étape du désengagement de la Française des jeux dans le financement du sport ? Qu'en sera-t-il, monsieur le ministre, de ces missions d'intérêt général pour un actionnaire privé ? La prévention et le respect de l'interdiction du jeu aux mineurs, la lutte contre les addictions, la lutte contre le blanchiment d'argent sale : toutes ces missions d'intérêt public de la Française des jeux ne doivent pas être bradées !

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.