Intervention de Bruno le Maire

Séance en hémicycle du mercredi 4 avril 2018 à 21h35
Questions sur le programme de privatisations du gouvernement

Bruno le Maire, ministre de l'économie et des finances :

Là aussi, monsieur le député, je partage votre vision et vos inquiétudes. Je veux redire à quel point nous avons pris du retard sur l'innovation de rupture – je ne parle pas uniquement de la France, mais de tous les États européens. Je veux aussi insister sur le fait que, malheureusement, les règles du jeu ne sont pas égales partout dans le monde. Dans un très grand pays, qui se développe à vitesse accélérée, les clients et consommateurs potentiels désirant acheter une voiture fonctionnant avec une batterie ion-lithium ne peuvent bénéficier de la prime liée à cet achat que si la batterie est fabriquée dans ce pays. Que dirait-on si, en France ou en Europe, on limitait le bénéfice de ce genre de primes aux voitures fabriquées sur notre territoire ? Nous ne jouons donc pas à armes égales. Un des grands défis qui se posera demain consistera à ce que chacun soit soumis aux mêmes règles pour que la compétition soit équitable. Mais il faut investir aujourd'hui, massivement, dans les innovations de rupture. À cet égard, je pense que nous pouvons tous être fiers que la France soit le premier pays à se doter d'un fonds de ce type, qu'elle prenne le leadership sur le sujet, et qu'elle propose à ses partenaires de se joindre au mouvement. Cela nous permettra je l'espère, sur des sujets tels que l'intelligence artificielle ou le stockage d'énergies renouvelables, de rattraper le retard que nous avons pris.

Ce n'est pas uniquement une question de croissance économique, mais également de souveraineté technologique. Imaginez, demain, des véhicules autonomes, guidés par des processeurs et des technologies qui seraient américains ou chinois. Nous ne pourrions plus réaliser que la carrosserie et la structure de la voiture. Où résideraient l'autonomie, l'indépendance technologiques d'une nation française ou d'un continent européen dont toutes les voitures seraient guidées par des systèmes américains ou chinois ? Tel est l'enjeu sous-jacent. Voilà pourquoi nous voulons impérativement réinvestir les moyens de l'État en direction de l'innovation de rupture et de ces nouvelles technologies. Derrière la croissance économique, j'y insiste, se cache une question vitale : notre souveraineté technologique.

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