Intervention de Guillaume Kasbarian

Réunion du jeudi 22 mars 2018 à 11h00
Commission d'enquête chargée d'examiner les décisions de l'État en matière de politique industrielle, au regard des fusions d'entreprises intervenues récemment, notamment dans les cas d'alstom, d'alcatel et de stx, ainsi que les moyens susceptibles de protéger nos fleurons industriels nationaux dans un contexte commercial mondialisé

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGuillaume Kasbarian, rapporteur :

Je vous remercie pour vos réponses. Je partage totalement votre point sur le patriotisme économique. D'un point de vue économique, être patriote, ce n'est pas être dans l'irrationalité. Il faut trouver l'équilibre entre l'amour de son pays, l'attachement à ses technologies et à ses savoir-faire d'une part, et, d'autre part, la logique et la rationalité économique – on ne prend pas des décisions uniquement sur la base d'un passeport, mais également en fonction de l'efficacité d'une stratégie économique.

Nous travaillons depuis cinq mois et beaucoup s'étonnent de la vitesse et de la qualité des négociations, de l'impact de la procédure mise en oeuvre par le département de la justice américain – certains allant jusqu'à évoquer un complot américain. Il est toujours bon d'en revenir à une vision plus « business » : y avait-il des alternatives ? Alstom pouvait-il continuer seul, sans difficultés de trésorerie ? Probablement pas…

Par ailleurs, d'autres types de rapprochement, avec d'autres acteurs, étaient ouverts. Vous n'avez donc pas réalisé cette acquisition contre Alstom ou qui que ce soit d'autre. Si aucune offre alternative n'a réellement émergé, c'est peut-être simplement qu'il n'y avait pas d'alternative… Le coq peut toujours faire « cocorico » seul, mais comment fait-on s'il n'existe pas d'alternative ?

Vous l'avez également souligné, on ne fait jamais d'acquisition contre un gouvernement. Lors de mon déplacement à San Francisco, les entrepreneurs que j'ai rencontrés m'ont dit la même chose : quand le gouvernement français montre trop les dents, les investisseurs s'en vont. Là-bas, l'exemple de Dailymotion est revenu dans toutes les discussions : nous étions si fiers de ce fleuron industriel français, de nationalité française, dirigé et géré par des Français, que nous avons refusé qu'il soit racheté par des étrangers, en bloquant toute acquisition. Quel panache, quel style mais, au final, où est la fierté du coq aujourd'hui ? Dans l'expression « patriotisme économique », il y a deux mots : « patriote » et « économie ». L'un ne va pas sans l'autre.

Du fait de votre longue expérience au sein d'un groupe américain en France, quels enseignements avez-vous tiré des relations avec l'administration et le gouvernement français ? Quelle était la perception de la politique française par les Américains ?

En stock, les États-Unis sont les principaux investisseurs en France. Nous avons besoin de ces investissements directs étrangers (IDE). Ma deuxième question prend donc le contre-pied de nos débats précédents : si on ne cherche pas à s'en prémunir, mais à les attirer, on doit s'interroger sur ce qui freine encore les IDE : qu'est-ce qui empêche des investisseurs étrangers de choisir la France ? Quels blocages faut-il lever pour que la France redevienne attractive et attire les investisseurs étrangers, au lieu de les faire fuir ?

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