Intervention de Nicolas Bonnault

Réunion du jeudi 22 mars 2018 à 14h30
Commission d'enquête chargée d'examiner les décisions de l'État en matière de politique industrielle, au regard des fusions d'entreprises intervenues récemment, notamment dans les cas d'alstom, d'alcatel et de stx, ainsi que les moyens susceptibles de protéger nos fleurons industriels nationaux dans un contexte commercial mondialisé

Nicolas Bonnault, associé gérant de la Banque Rothschild & Co :

Pour commencer, je reviendrai sur la chronologie de cette opération. Nous avons été informés par Patrick Kron de son intention d'ouvrir des discussions avec General Electric à la fin du mois de mars 2014. Plus précisément, nous avons commencé à travailler pour lui le 25 mars. Les discussions ont été intenses pendant un mois, jusqu'à la fuite du 24 avril.

Il a souvent été dit que Patrick Kron et Alstom voulaient se vendre en catimini à General Electric. Mais, dans ce genre d'opération, il est tout à fait normal que les premières discussions se fassent dans le plus grand secret. C'est indispensable tant pour l'entreprise que pour les marchés. Personne ne peut prendre le risque de la déstabilisation… Par expérience, nous savons tous que beaucoup de ces négociations peuvent ne pas aboutir. C'est le risque que courait Alstom lors des discussions préliminaires avec General Electric. Durant cette période d'un mois, les discussions ont parfois été interrompues : juste avant le week-end de Pâques 2014, nous sommes ainsi tous rentrés chez nous, pensant que le deal ne se ferait pas.

Ce n'est que dans les quelques jours qui ont précédé la fuite de Bloomberg – le 24 avril – que les discussions ont repris. Elles étaient en train d'aboutir lorsque les informations ont fuité. Patrick Kron n'avait aucune intention de mettre tour le monde devant le fait accompli et de signer un accord définitif avec General Electric. Cette opération devait être soumise – et l'a finalement été – à l'approbation du conseil d'administration. Avant cette fuite, l'intention de Patrick Kron était par ailleurs bien évidemment d'en informer le Gouvernement en temps utiles. La fuite a pris tout le monde par surprise, mais les accords négociés avec General Electric laissaient la possibilité à d'autres parties intéressées de faire une offre à Alstom. C'est ce qui s'est passé avec Siemens et Mitsubishi.

Après cette première phase de discussions bilatérales dans lesquelles nous avons assisté Alstom au quotidien, nous avons travaillé aux côtés d'Alstom face à l'APE – et à ses conseils – qui s'était organisée pour analyser les mérites de l'offre de General Electric et des offres successives de Siemens et Mitsubishi présentées au conseil d'administration d'Alstom. En conséquence, si notre mandat portait à l'origine sur General Electric, il a naturellement été étendu à l'analyse de l'offre de Siemens.

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