Intervention de Jean-Pierre Floris

Réunion du mercredi 28 mars 2018 à 16h20
Commission d'enquête chargée d'examiner les décisions de l'État en matière de politique industrielle, au regard des fusions d'entreprises intervenues récemment, notamment dans les cas d'alstom, d'alcatel et de stx, ainsi que les moyens susceptibles de protéger nos fleurons industriels nationaux dans un contexte commercial mondialisé

Jean-Pierre Floris, délégué interministériel aux restructurations d'entreprises :

Le dossier Ford est particulier. Il est facile de dire après coup qu'on aurait pu déceler le problème avant ; je considère Ford comme un interlocuteur de mauvaise foi, car il nous a baladés pendant des années. Ford justifie sa décision par une comparaison de coûts mais, lors du dernier comité de suivi, les dirigeants de Ford ont eux-mêmes reconnu que le coût des facteurs en France était légèrement inférieur à celui des États-Unis. La différence de coût ne vient donc que de la taille de l'entreprise. Or, la décision de construire une très grosse usine de boîtes de vitesses – capable d'en produire 900 000 par an et non 100 000 comme Bordeaux – date de plusieurs années. Si l'on avait « titillé » Ford plus tôt pour avoir ces informations, la chose aurait été annoncée.

Cela étant, nous essayons de travailler avec Ford dans une certaine confidentialité. Le prochain comité de suivi devrait se tenir au début du mois de mai – le préfet est en train d'en fixer la date. L'essentiel est de trouver un avenir pour ce site. Nos moyens de pression sur Ford sont finalement assez limités, à moins de les emmerder – pardonnez-moi l'expression – sur d'éventuels plans de sauvegarde de l'emploi (PSE). Nous recherchons activement des solutions d'avenir et les compromis possibles. Après m'être montré, vous l'avez remarqué, lors du dernier comité de suivi, je leur passe maintenant un peu plus la pommade et vais discuter avec eux pour essayer de trouver une solution. La diplomatie consiste à alterner coups de bâton et gentillesses…

J'ai fait la même chose avec Bosch. L'usine de Rodez était coincée. J'ai dû sérieusement secouer les dirigeants parce qu'ils n'avaient même pas le courage d'y venir. Le directeur général de Bosch France avait besoin de demander l'autorisation à l'Allemagne pour que son directeur de site se déplace à la préfecture ! Depuis, on a trouvé une solution, on a fait copains, je l'invite à manger et on organise des réunions… Toute ma vie, c'est ça : on arrête une vision et un objectif, et après on se débrouille. Ce qui compte, c'est de ne pas changer d'objectif en fonction du résultat. Dans mes fonctions antérieures, lorsqu'on prenait une décision d'investissement, qu'on faisait un plan de rationalisation ou qu'on lançait un programme de recherche-développement, on se fixait des objectifs, on inscrivait des dépenses, mais on le faisant avant, et non en fonction des derniers résultats qu'on trouvait… Sinon, on se faisait systématiquement empapaouter !

Cela dit, Ford est un mauvais exemple : c'est une entreprise qui n'est pas responsable et dont les dirigeants mentent.

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