Intervention de Marie-Anne Barbat-Layani

Réunion du jeudi 29 mars 2018 à 14h20
Commission d'enquête chargée d'examiner les décisions de l'État en matière de politique industrielle, au regard des fusions d'entreprises intervenues récemment, notamment dans les cas d'alstom, d'alcatel et de stx, ainsi que les moyens susceptibles de protéger nos fleurons industriels nationaux dans un contexte commercial mondialisé

Marie-Anne Barbat-Layani :

Je compléterai les propos de M. Cohen-Hadad par quelques chiffres.

Aujourd'hui, le bilan des banques fait apparaître 963 milliards d'euros d'encours de financement des entreprises à comparer au crowdfunding, qui joue, certes, un rôle utile de complément, mais qui ne représente que… 300 millions d'euros. Les 963 milliards d'euros passent par la colonne vertébrale constituée par les établissements bancaires et les interlocuteurs des PME-TPE au quotidien. En termes de flux annuels, 300 milliards d'euros de nouveaux crédits aux entreprises sur le territoire français sont portés par les banques à un rythme de progression annuelle des entreprises de 5,4 %.

Nous retrouvons une forte dynamique du crédit, qui commence d'ailleurs à être jugée excessive par nos autorités de contrôle puisque le Haut Conseil de stabilité financière (HCSF) considère que les entreprises s'endettent trop rapidement.

Nous ne partageons pas totalement cette analyse. Nous estimons que nous sortons d'une période longue au cours de laquelle les entreprises ont probablement sous-investi bien qu'il soit très difficile d'évaluer le sous-investissement. Aujourd'hui, les indicateurs de confiance des chefs d'entreprise repartent à la hausse. Les banques notent une progression des demandes de crédits, notamment d'investissement.

J'ajoute que, parmi des différents crédits accordés aux entreprises, les crédits à l'investissement sont les plus dynamiques – ce qui est très heureux. Nous enregistrons à ce titre 963 milliards d'euros d'encours, auxquels s'ajoute une progression globale annuelle de l'ordre de 5,4 %. Les crédits d'investissement aux entreprises croissent à un rythme annuel de 6,8 %. Nous étudions attentivement le taux d'accès à ces crédits. Le taux de réponses positives aux demandes de crédits d'investissement des entreprises sur le territoire français atteint les 95 %.

Après une période difficile de dix ans, la croissance des encours des crédits aux entreprises, notamment des crédits d'investissement, reprend. Nous y voyons des perspectives de développement pour nos clients.

Les banques ont tout intérêt à ce que les particuliers et les entreprises connaissent une situation de prospérité et de développement car le développement de leur propre business en dépend. La situation est positive. On ne se repose pas sur nos lauriers !

Le financement de l'économie, notamment des PME, a été défini par la Fédération bancaire française (FBF) comme étant sa priorité stratégique n° 1. Nous nous attachons grandement à améliorer l'aspect qualitatif des relations avec les entreprises comme leur accompagnement. Nous avons conjointement travaillé avec la Confédération des petites et moyennes entreprises pour inciter les chefs d'entreprise à dialoguer avec leur banquier, à le rencontrer pour lui expliquer la situation et l'inviter à visiter l'entreprise. Parallèlement, les banquiers se sont engagés – c'est l'un des engagements pris collectivement par la profession – à proposer au moins un entretien annuel à tous les chefs d'entreprise. Cela semble aller de soi, mais quand on s'adresse à des responsables de petites entreprises, ceux-ci sont très occupés et n'ont pas le temps de prendre rendez-vous avec leur banquier. Nous essayons donc de les persuader de l'intérêt de ces rencontres, d'autant que le crédit est abondant et les taux d'intérêt extrêmement bas. Nous proposons d'ailleurs des taux d'intérêt de crédits aux entreprises qui figurent parmi les plus bas de la zone euro. C'est un indicateur qu'il importe de relever.

Nous bénéficions d'une politique monétaire favorable. De plus, la qualité de la transformation de cette ressource en crédits est particulièrement bonne en France, puisque nous bénéficions du dynamisme des encours de crédits le plus élevé de la zone euro. C'est l'un des rares domaines, je me plais à le signaler, où nous sommes meilleurs que l'Allemagne ! Puisque nous parlons d'industrie stratégique, le secteur bancaire en est une qui ne fonctionne pas trop mal, et ce au bénéfice des entreprises qui trouvent des financements dans de bonnes conditions. Cela ne signifie pas que le crédit doive tout faire. Bien entendu, il y a de la place pour tout le monde. Je pense que le MEDEF s'exprimera sur son initiative « MEDEF Accélérateur d'investissement », dont la Fédération bancaire française est partenaire.

Pour l'heure, le processus PACTE se poursuit, notamment au Parlement, dans le cadre de la préparation de la loi ; l'un de ses objectifs étant d'améliorer l'accès aux entreprises en fonds propres. D'une certaine manière, nous pouvons nous permettre le luxe de ne parler que de financements en fonds propres parce que le financement des entreprises par le « crédit » fonctionne bien. Il est très important d'assurer un bon fonctionnement de cette partie liée aux crédits. Hélas, sur ce sujet, de multiples contraintes réglementaires sont à l'oeuvre, sur lesquelles je n'entre donc pas dans le détail.

Il convient ici de rappeler, me semble-t-il, les fondamentaux du financement des entreprises, notamment du financement de leurs investissements. Bien évidemment, il est utile d'avoir de nombreux intervenants. Nous avons évoqué le crowdfunding. De nombreux établissements bancaires ont créé soit des partenariats avec des fonds d'investissement, soit des entités qui font du crowdfunding, dans la mesure où cela permet de rechercher des financements plus complexes qui ne correspondent pas au type de projets financés par le crédit. Fondamentalement, le secteur bancaire reste l'interlocuteur numéro un des PME et de leurs représentants.

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