Intervention de François Perret

Réunion du jeudi 29 mars 2018 à 14h20
Commission d'enquête chargée d'examiner les décisions de l'État en matière de politique industrielle, au regard des fusions d'entreprises intervenues récemment, notamment dans les cas d'alstom, d'alcatel et de stx, ainsi que les moyens susceptibles de protéger nos fleurons industriels nationaux dans un contexte commercial mondialisé

François Perret :

Je joins ma voix à ceux qui se réjouissent du caractère actif du financement bancaire, mais également de la diversification des sources de financement pour les entreprises. C'est une bonne nouvelle, mais elle entraîne une responsabilité, une exigence particulière pour faire mieux comprendre, tant aux entrepreneurs qu'aux épargnants les moyens de se repérer dans cette offre foisonnante de financements.

S'agissant des entrepreneurs, se pose la question de la culture financière des dirigeants d'entreprise. Sur ce point, on peut faire état de progrès, tout en observant cependant que les dirigeants de PME ont des difficultés à se retrouver dans cette offre. L'un des moteurs de la croissance des PME réside dans la capacité de leurs dirigeants à comprendre qu'ils doivent ouvrir leur capital. L'ouverture du capital est un sujet majeur pour continuer à développer l'entreprise et à moderniser l'outil productif dans un contexte marqué tout particulièrement aujourd'hui par les annonces du Président de la République en matière de stratégie sur l'intelligence artificielle visant à enclencher plus fortement la dynamique de transformation numérique.

Je rappelle que les entreprises françaises se situent seulement au seizième rang en matière de numérisation et qu'un effet boule de neige est fort à craindre. En effet, ce retard dans le domaine de la numérisation est susceptible de se doubler d'un retard de développement en matière d'intelligence artificielle. Il est essentiel de faire de la pédagogie auprès des chefs d'entreprise, comme le font déjà les banques et les autres acteurs financiers, pour les aider à se repérer dans ce foisonnement.

Rappelons à cet égard que l'un des principaux sujets de la prochaine loi PACTE vise à sensibiliser les épargnants à l'importance de financer les entreprises françaises. Nous partons de très loin puisque nous connaissons leur aversion au risque ; c'est ainsi qu'à peine 30 % des épargnants comprennent la nécessité d'orienter le flux d'épargne, pourtant abondant, vers les entreprises. Un travail de pédagogie auprès des chefs d'entreprise et des épargnants serait utile. Probablement, conviendrait-il de prévoir un effort d'accompagnement en ce sens.

Mme Barbat-Layani a évoqué l'initiative « MEDEF Accélérateur d'investissement ». Je voudrais plaider en faveur de la convergence des initiatives. Un entrepreneur confronté à l'offre bancaire – l'offre désintermédiée, le crowdfunding et l'ensemble des dispositifs qui se présentent –, en fonction de son profil de croissance, peut hésiter. Cela pose la question de la responsabilité des acteurs du monde économique et financier, censés proposer une offre d'accompagnement qui soit claire et globale. Lever des fonds suppose aussi obtenir des débouchés commerciaux et monter en compétence, ce qui reste l'un des grands sujets de l'économie française.

Il faudrait associer les accompagnements financiers et non financiers en faveur des entreprises.

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