Intervention de Roland Lescure

Séance en hémicycle du lundi 9 avril 2018 à 16h00
Nouveau pacte ferroviaire — Présentation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaRoland Lescure, président de la commission des affaires économiques :

Monsieur le président, madame la ministre, madame la présidente de la commission du développement durable, monsieur le rapporteur, monsieur le rapporteur pour avis, chers collègues, « si tu n'as pas de train aujourd'hui, c'est pour en avoir un demain » : ce slogan imprimé sur la blouse d'un cheminot en grève m'a comme vous interpellé. C'est justement pour avoir des trains demain, partout et pour tous, que ce nouveau pacte doit être signé.

Le transport ferroviaire a un impact considérable sur le développement économique. Nos travaux en commission des affaires économiques, menés de main de maître par notre rapporteur pour avis, Damien Adam, ont permis de dégager un large consensus sur ce sujet.

Jusqu'à présent, on a beaucoup parlé du poids du passé : le poids de la dette, le poids du statut, le poids des trains en retard. Maintenant, c'est d'avenir dont je voudrais vous parler. Il s'agit non plus de s'accrocher à notre héritage mais bien de se projeter vers l'avenir, et cette réforme est à la hauteur du défi qui nous attend, car elle est d'abord un rendez-vous avec l'histoire pour l'avenir du réseau ferroviaire européen.

Mon expérience en Amérique du Nord, où le chemin de fer de passagers a été délaissé au profit des autres modes de transports, plus chers, plus polluants et plus individualistes, a renforcé ma conviction que le train va dans le sens de l'histoire. Il doit avoir une place privilégiée dans l'accélération du temps et de la mobilité qui caractérise le XXIe siècle.

Or, cette place, alors qu'un mouvement qui m'est cher lance sa grande marche pour l'Europe, c'est justement à l'échelle du continent qu'elle doit se faire. Si les métropoles sont des lieux de développement économique très importants, il ne saurait y avoir de métropole sans un service ferroviaire efficace, qui permettra de les relier au reste du pays et, au-delà, de l'Europe. Le train européen se fera avec la Deutsche Bahn, Trenitalia, Keolis, et aussi avec la SNCF, à condition, évidemment, que celle-ci soit forte. Pour que la SNCF fasse partie du jeu européen et puisse aller conquérir l'Europe, il faut aussi laisser de la place à l'Europe chez nous.

Il faut également que nous reprenions les devants sur le chemin de l'innovation dans le domaine des transports. Aujourd'hui, force est de constater qu'en la matière, l'innovation, c'est en Amérique qu'elle s'accélère : l'Hyperloop, le SpaceX, le TransPod, le véhicule autonome, ce ne sont malheureusement pas en Europe qu'ils sont nés. Pour que la SNCF ne soit plus réduite à un rôle de gestionnaire trop lourd de notre réseau national et recouvre un esprit de conquête et d'innovation, il est indispensable d'en transformer la gouvernance. Une relation plus responsable et responsabilisante entre la SNCF et son actionnaire doit être instaurée.

Cette réforme, c'est aussi un rendez-vous avec l'histoire du développement de tous les territoires, des mégapoles aux villes moyennes en passant évidemment par les territoires ruraux. Pour favoriser le développement économique local, il faut non seulement faire disparaître les zones blanches, mais aussi favoriser les circuits courts et l'agriculture biologique, réinvestir nos centres-villes, développer l'entrepreneuriat local et évidemment redévelopper le transport de proximité.

En ce sens, la réforme donne des pouvoirs aux régions pour mener une véritable politique de mobilité locale. Elles auront une plus grande latitude pour développer des transports à l'image de leurs territoires. La loi leur permettra de fixer des exigences de régularité ou de fréquence. Elles auront plus de pouvoir face aux opérateurs, y compris pour grouper des lignes rentables et des lignes qui le sont moins ou déterminer leur politique de tarifs sociaux.

Comme cela a été souligné sur tous les bancs lors de nos travaux, la concurrence ne fait pas tout. Reconnaissons toutefois qu'elle a permis à tous les Européens de téléphoner moins cher.

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