Intervention de Éric Coquerel

Séance en hémicycle du lundi 9 avril 2018 à 21h30
Nouveau pacte ferroviaire — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Coquerel :

Cet article est important, puisqu'il ouvre la SNCF à la concurrence, tout en modifiant le statut de l'entreprise et des cheminots. Mais le statut des cheminots et le manque de concurrence sont-ils responsables du fait que depuis une vingtaine d'années, la SNCF va plus mal, en termes de retards, de problèmes techniques et de dette ?

Ou bien cette situation est-elle due, par exemple, au tout-LGV, au partenariat public-privé, aux séparations entre rail et roulant, qu'aujourd'hui tout le monde condamne, et qui ont été faites pour permettre l'ouverture à la concurrence, au coût du capital sur les emprunts sur les marchés financiers, et, enfin, au désinvestissement de l'État ?

Une chose m'étonne : depuis 1990, l'investissement de l'État en matière de dépenses publiques pour le transport va à 66 % à la route, contre 17 % au ferroviaire.

Demandez-vous pour autant aux constructeurs de camions et d'automobiles, madame la ministre, de payer la dette de l'État qui, ainsi, investit pour eux ? Non ! Au contraire, vous leur offrez même la privatisation des autoroutes.

Vous avez même permis, avec l'ouverture à la concurrence du fret SNCF, une augmentation de 40 % du transport routier de marchandises depuis 1990, alors que la part du fret ferroviaire n'est plus que de 10 %.

On voit donc bien que cette politique vise à tout, sauf à satisfaire les usagers.

En réalité, la transformation de l'EPIC en société nationale à capitaux publics n'a qu'un seul but : privatiser. Or quand on privatise, on nourrit la rente et quand on nourrit la rente, c'est sur le prix du travail. Voilà pourquoi vous allez faire en sorte d'aligner le statut des cheminots sur celui du privé, que vous avez en outre affaibli par les lois antisociales de Mme Pénicaud.

La boucle est bouclée. Nourrir le capital, c'est abaisser le prix du travail. Voilà ce que vous faites, et qui n'a aucun rapport avec le service rendu aux usagers, mais qui a tout à voir avec le service rendu aux futurs actionnaires, pour lesquels vous avez toutes les attentions.

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