Intervention de Émilie Bonnivard

Séance en hémicycle du mercredi 11 avril 2018 à 21h30
Nouveau pacte ferroviaire — Article 3

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉmilie Bonnivard :

L'enjeu final de l'article 3, et plus globalement du pacte ferroviaire, est de concilier l'amélioration de la qualité et de la performance des services publics de transport ferroviaire avec l'ouverture à la concurrence.

Madame la ministre, si cela doit se traduire, comme c'est le cas actuellement, par la dégradation du service pour les usagers des zones de montagne et rurales, je crains que l'objectif fixé soit déjà caduc. En témoignent les décisions unilatérales prises tout dernièrement par la SNCF de fermer au public l'accès à des guichets et à des gares, ou d'en limiter l'ouverture, dans les vallées alpines, dès septembre prochain. La raison invoquée par la SNCF est l'optimisation du coût d'exploitation pour se préparer à l'ouverture à la concurrence.

Voilà un exemple très concret de ce qui arrive déjà sur le terrain. Dans l'adaptation de la SNCF à l'ouverture à la concurrence, nous refusons le sacrifice d'une partie des territoires ruraux et de montagne et des populations qui y vivent, de même que nous ne voulons pas d'une altération de la qualité de l'accueil touristique, filière qui représente 8 % du PIB de la France et plus de 50 % de celui de certains départements comme la Savoie.

Savez-vous, madame la ministre, que de très nombreux habitants de nos vallées travaillent quotidiennement dans le bassin chambérien et s'y rendent par le train ? Savez-vous quelles températures nous subissons dans nos vallées l'hiver, entre six heures et huit heures du matin ? En quoi va-t-on améliorer le service aux usagers en supprimant la possibilité basique de se mettre à l'abri en hiver ? Savez-vous que la Savoie compte 731 000 lits touristiques et est l'une des premières destinations mondiales pour le tourisme d'hiver ? Comment accueillir correctement des millions de touristes dans des gares fantômes et fermées ?

Ces fermetures ne préfigurent-elles pas la dégradation de la desserte ferroviaire dans nos vallées, déjà bien diminuée ces dernières années ? Ce n'est pas l'amélioration du service aux usagers, mais bien le choix de dégrader une partie du service à certains usagers et sur certains territoires, notamment dans nos vallées, pour en sauver d'autres, qui se dessine dès maintenant dans les décisions prises par la SNCF. Comment pouvez-vous nous assurer, madame la ministre, que le résultat de cette réforme ne sera pas, demain, celui qui se dessine aujourd'hui ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.