Intervention de Jean-Yves le Gall

Réunion du mercredi 4 avril 2018 à 16h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Jean-Yves le Gall, président du CNES :

En matière de couverture Internet, il existe des possibilités permettant de remédier aux zones blanches, grâce à des systèmes qui seraient plus « user friendly » ou faciles d'accès que l'existant. Si une décision en ce sens était prise, les zones blanches pourraient être résorbées en France à l'échéance de deux, voire deux ans et demi. Nous y travaillons et j'espère que nous serons en mesure de faire une annonce rapidement. Cet accès serait alors intégré dans l'offre d'Orange et serait transparent pour l'abonné connecté soit par la fibre, en zone urbaine, soit par un satellite en zone isolée et permettrait, comme on a coutume de citer cet exemple, à un habitant du Cantal de disposer d'Internet et de se connecter au site de la sécurité sociale, grâce à l'installation d'un terminal par son fournisseur d'accès. Ce serait possible grâce aux technologies VHTS (Very High Throughput Satellite) développé par le CNES. Nous sommes en train de monter un dossier avec un industriel français, un opérateur, qui pourrait être Orange, et un opérateur de satellites, qui pourrait être Eutelsat, et nous devrions pouvoir faire une communication sur ce sujet prochainement. Pour la couverture des zones blanches, nous voulons toutefois nous assurer d'une certaine autonomie et éviter de déployer un système en partenariat avec des sociétés étrangères susceptibles de nous mettre à terme dans une situation très inconfortable.

CSO, CERES et Syracuse 4 sont des systèmes considérablement plus élaborés que leurs prédécesseurs. La résolution de CSO est une donnée classifiée mais il s'agit en tout état de cause d'un système au meilleur niveau mondial. Syracuse 4 est plus perfectionné que le système actuel, qu'il s'agisse de la bande passante, de la disponibilité, de sécurisation, autant de domaines dans lesquels sont gagnés plusieurs ordres de grandeur. Je vous rappelle les propos que je tenais sur les difficultés de l'industrie spatiale : un satellite de 2020 remplace environ 15 satellites lancés en 2010. Ainsi l'utilisation de ces satellites en orbite est devenue quasiment indécelable pour le client final, leurs performances offrant les mêmes services que les systèmes terrestres.

Le système Galileo compte aujourd'hui 22 satellites en orbite dont 19 fonctionnent parfaitement. Les services initiaux ont été annoncés le 15 décembre 2016. Quatre satellites doivent encore être lancés par Ariane 5 le 25 juillet prochain. La constellation sera alors presque complète. Apple et Samsung ont accepté d'intégrer sur leurs smartphones de dernière génération des puces Galileo. Les utilisateurs pourront ainsi apprécier la précision de Galileo, bien supérieure à celle du GPS. Le parc de téléphones portables étant renouvelé tous les trois ans environ, si 200 millions d'appareils sont connectés aujourd'hui à Galileo, il y en aura plusieurs milliards d'ici à trois ans. Le smartphone choisit le système de géolocalisation le plus précis et oriente donc vers Galileo, des applications associées étant en cours de déclinaison.

C'est la DGA qui est chargée de la coopération en matière de défense, avec une véritable volonté d'avancer dans le domaine européen. Il existe toutefois une différence importante entre le civil et le militaire. Si dans le milieu civil, il n'y a pas de vrai enjeu de souveraineté, il en va autrement dans le domaine militaire où il faut coopérer mais sans être naïf, ainsi que l'ont montré de récents exemples avec certains partenaires proches qui peuvent vouloir tirer la couverture à eux. Il faut donc savoir résister tout en restant ouvert à la coopération dans le cadre d'un mode d'emploi maîtrisé.

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