Intervention de Elsa Faucillon

Séance en hémicycle du lundi 16 avril 2018 à 21h30
Immigration maîtrisée droit d'asile effectif et intégration réussie — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaElsa Faucillon :

Madame la présidente, monsieur le ministre d'État, madame la ministre, mes chers collègues, une humanité en mouvement étant un facteur de paix, l'être humain n'est pas assigné à résidence, nous rappelle la Déclaration universelle des droits de l'homme.

Or ce projet de loi bafoue le droit à la mobilité, liberté pourtant fondamentale, qui semble plus facile à acquérir pour les capitaux et ceux qui en possèdent. Inutile, dangereuse, martiale dans les mots, inefficace dans les actes, cette énième loi communicationnelle suit une trentaine de réformes de la législation relative aux étrangers depuis les années 1980. Le Conseil d'État nous alerte : l'urgent n'est pas de continuer à empiler des lois, mais d'en évaluer les effets.

Quant au discours accompagnant ce projet de loi, il est aussi faux que risqué. Il pilonne, martèle l'idée de l'étranger comme une menace pour l'avenir du pays, et pour sa cohésion, faisant ainsi des migrants les boucs émissaires faciles face au mécontentement et à la colère des peuples envers les politiques d'austérité.

Pourtant, l'humanité de demain se construit avec l'accueil d'aujourd'hui. Mais au lieu de mettre en oeuvre une politique respectueuse des libertés et droits fondamentaux, ce projet de loi concourt au contraire à céder à la logique de la peur. Le champ lexical utilisé par M. le ministre d'État comme par le Président de la République, hier soir, le montre : « submersion migratoire », « invasion », la démographie africaine a même été comparée à « une véritable bombe ». Plutôt que de combattre la peur, vous préférez l'accompagner.

À ce jeu, malheureusement, les citoyens finissent parfois par préférer l'original à la copie. Vous préférez également répéter, quitte à tronquer la citation, que l'on ne peut accueillir toute la misère du monde. La réalité, c'est que la France ne prend même pas sa part de cet accueil.

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