Intervention de Julien Aubert

Séance en hémicycle du jeudi 27 juillet 2017 à 15h00
Confiance dans la vie publique — Article 7

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJulien Aubert :

Le vrai problème, c'est la relation des Français à l'argent, plus précisément à l'argent en politique. Il faut que les élus du peuple soient correctement indemnisés. Sinon, demain, ne siégeront ici que des gens qui peuvent vivre de leur fortune personnelle ; nous aurons des problèmes de corruption ; et les membres de certaines professions renâcleront à venir servir l'intérêt général, car leur banquier ne saisira pas nécessairement le sens de leur engagement. Ceux qui viennent du secteur privé me comprendront. La véritable question que nous devrions nous poser est la suivante : comment permettre à un député d'exercer ses fonctions ?

Cela soulève un problème d'égalité dont je regrette que l'on n'en discute pas dans le cadre de cette réforme. Quand j'étais primo-député, il m'a fallu louer pour la première fois ma permanence et y faire réaliser des travaux : inévitablement, une partie de mon IRFM est passée dans ces travaux, que j'ai traînés pendant tout mon mandat. Même chose quand j'ai acheté mon premier véhicule. Et comme je n'avais qu'un seul mandat quand d'autres étaient députés-maires, je devais payer mes fleurs tandis que les leurs étaient financées par leur mairie. Objectivement, nous ne sommes donc pas tous dans la même situation.

Il y a là une question de rémunération et une question de moyens, que l'on pourrait lier au problème des collaborateurs : si l'on doit rendre des comptes – et c'est évidemment le cas – , cela comporte un coût administratif, et si nous avions quatre ou cinq collaborateurs, le problème de l'usine à gaz des justificatifs ne se poserait pas.

Comment rendre des comptes ? Là est la question. Or l'usine à gaz qui nous est ici proposée ne me paraît pas adaptée. D'abord parce que s'y mêleront des factures qui n'ont rien à voir les unes avec les autres, du remboursement d'emprunts au justificatif d'achat de stylos. Ensuite parce que remettre des factures au bureau de l'Assemblée nationale, c'est de facto les transmettre à des adversaires politiques quand on siège dans l'opposition : si Pepsi-Cola présente des factures à Coca-Cola, cela devient un peu compliqué. Enfin parce qu'il y a là une hypocrisie totale, comme le savent tous ceux d'entre vous ayant déjà déjeuné avec des avocats ou des membres d'autres professions qui se font rembourser leurs frais professionnels : vous payez la moitié de la note, et eux font mine de régler le total pour se le faire rembourser comme s'ils vous avaient invité !

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