Intervention de Claude Goasguen

Séance en hémicycle du dimanche 22 avril 2018 à 9h30
Immigration maîtrisée droit d'asile effectif et intégration réussie — Article 20

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaClaude Goasguen :

J'ai une petite expérience des talents, même s'ils n'étaient pas illustres : en tant que doyen d'une faculté de la banlieue parisienne, je sais un peu ce que c'est que les étrangers qui viennent passer des diplômes ou qui deviennent chercheurs.

D'abord, le talent n'a pas de nationalité. À ce sujet, on tient sur les bancs de la gauche un discours un peu curieux. Qu'on soit français ou étranger, le talent reste le talent. Personne ne va contester le talent de Marie Curie sous prétexte qu'elle était d'origine polonaise : cela n'a très franchement aucune importance. Que Le Clézio vive en France ou en Amérique du sud, qu'il prenne telle ou telle nationalité, quelle importance ?

Ce qui a de l'importance, en revanche, c'est que nous avons de ces choses une vision fort différente de celle des États-Unis, qui ont une conception mercantile des talents qu'ils accueillent. Je ne partage pas ce sentiment, et c'est la raison pour laquelle je vous appelle à bien réfléchir avant de vous prononcer sur cet article.

Nous avons, nous, une tradition de coopération qu'il est de plus en plus indispensable de préserver face aux problèmes qui se posent en Afrique. Pour avoir enseigné à l'université de Paris-XIII à beaucoup d'étudiants africains, je peux vous dire que nous sommes en train de désertifier les universités africaines et les lieux d'élite africains. C'est un véritable tourment pour l'Afrique, qui n'est pas tout à fait indifférent, en particulier, aux problèmes du Sahel. Nous cassons les universités les unes après les autres : Dakar, Abidjan. Les missions des Français, les missions des étrangers qui vont dans les pays africains sont de plus en plus réduites.

Nous avons un autre problème : ces étudiants que nous formons, ces chercheurs que nous aidons ne veulent pas rentrer chez eux. Il faut veiller à ce que les meilleures intentions du monde n'aboutissent pas, dans la réalité, à conforter les difficultés africaines. Ce n'est pas un refus, mais simplement un appel à être très prudent.

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