Intervention de Clémentine Autain

Séance en hémicycle du lundi 14 mai 2018 à 21h30
Lutte contre les violences sexuelles et sexistes — Motion de renvoi en commission

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaClémentine Autain :

Je ne dresserai pas ici de liste à la Prévert, mais je veux témoigner et rappeler combien ces violences détruisent. Les traumatismes ne sont évidemment pas de même nature selon la gravité des faits ou selon les victimes, mais nous savons que les violences sexuelles et sexistes emmènent les femmes sur le chemin de la mort. Il y a une raison fondamentale à cela, et je voudrais que chacun d'entre nous la mesure : par ces actes, par ces violences, les femmes sont niées comme sujets, elles sont traitées comme des objets.

Je pense souvent à ces mots de Virginie Despentes dans King Kong Théorie, dont je me dis qu'ils doivent résonner pour tant de victimes : « De la peur de la mort, je me souviens précisément. Cette sensation blanche, une éternité, ne plus rien être, déjà plus rien. Ça se rapproche davantage d'un trauma de guerre que du trauma de viol, tel que je le lis dans les livres. C'est la possibilité de la mort, la proximité de la mort, la soumission à la haine déshumanisée des autres, qui rend cette nuit indélébile. Pour moi, le viol, avant tout, a cette particularité : il est obsédant, j'y reviens tout le temps. Depuis vingt ans, à chaque fois que je crois en avoir fini avec ça, j'y reviens. »

Oui, ce rapport à la mort obsède durablement parce que l'individu, la personne humaine est totalement niée dans cet acte de violence dont la sexualité n'est que le lieu, le prétexte du pouvoir, de la possession – et donc, pour les femmes, de la dépossession.

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