Intervention de Jean-Michel Blanquer

Séance en hémicycle du mardi 15 mai 2018 à 9h30
Questions orales sans débat — Outil numérique et apprentissage de l'écriture

Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale :

Merci, monsieur le député, de votre question, qui se situe à la croisée de deux des enjeux les plus importants pour l'éducation nationale comme pour tout système éducatif : d'une part, la consolidation des savoirs fondamentaux – lire, écrire, compter et respecter autrui, dont je fais, vous l'avez rappelé, le coeur de ma politique – et d'autre part le numérique, coeur de la révolution que nous sommes en train de vivre, dont les conséquences sur les métiers de demain et, tout simplement, sur nos vies exigent que nos élèves y soient adaptés.

Vous l'avez dit, les outils numériques peuvent être mis au service de l'acquisition des savoirs fondamentaux. Le terme que j'utilise en permanence pour aborder cette question est celui de discernement. Nous le savons bien, en effet : dans ce domaine comme dans les autres, les outils numériques peuvent apporter le meilleur et le pire, selon la façon dont ils sont utilisés.

Je commencerai donc par les préventions, pour en venir ensuite à notre action.

Il nous faut être attentifs au fait que, selon de plus en plus d'études, l'addiction aux écrans peut être très négative pour les enfants, notamment entre zéro et sept ans. Nous devons délivrer en permanence ce message de santé publique, qui implique non pas l'absence de numérique avant sept ans, mais une présence très raisonnée de ces outils et la primauté de ceux qui, parmi eux, ne comportent pas d'écran. Car le numérique, ce ne sont pas seulement des écrans : ce sont aussi des robots et tout un ensemble d'interactions qui ne sont pas néfastes quand elles ne présentent pas ce risque d'addiction aux écrans.

En outre, il convient de tenir compte de certaines spécificités des savoirs fondamentaux, qui requièrent une approche assez classique. Je pense notamment à l'écriture, à la graphie à laquelle nous devons entraîner nos élèves : nous ne devons pas substituer le clavier à la graphie, mais faire en sorte que les deux coexistent.

Ces préventions étant rappelées, les technologies numériques comportent évidemment de très grands atouts pour l'acquisition des savoirs fondamentaux. Sur ces questions, je souhaite positionner le ministère de l'éducation nationale à l'avant-garde nationale, et même mondiale. Nous ouvrirons d'ailleurs très prochainement un Lab de l'éducation nationale à cette fin.

Le lien entre l'outil numérique et l'apprentissage de la lecture et de l'écriture est pris en considération dans plusieurs dispositifs, par exemple à l'intention des élèves porteurs de troubles « dys » – je songe au dispositif Edu-up. En ce moment même, le professeur Stanislas Dehaene conduit dans l'académie de Poitiers des expériences avec des tablettes, pour aider à la conscience phonologique des élèves.

Plusieurs actions sont aussi en cours dans le cadre des programmes d'investissements d'avenir, au titre des projets e-FRAN : elles sont déployées dans des écoles et des établissements scolaires pour expérimenter et évaluer les apports du numérique à l'apprentissage de la lecture et de l'écriture. C'est le cas de Fluence, dans l'académie de Grenoble, et de TAO, dans les académies de Créteil, Grenoble et Poitiers.

Enfin, les banques de ressources numériques éducatives mises de manière grandissante à la disposition des professeurs associent des contenus et des outils numériques.

L'usage avec discernement des outils numériques est très important. Il s'inscrit dans la lignée des recommandations pédagogiques que je viens d'envoyer à l'ensemble des professeurs et des cadres de l'éducation nationale.

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