Intervention de Marlène Schiappa

Séance en hémicycle du mercredi 16 mai 2018 à 15h00
Lutte contre les violences sexuelles et sexistes — Après l'article 2

Marlène Schiappa, secrétaire d'état chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes :

Je comprends parfaitement l'émotion suscitée par les récentes affaires, et particulièrement celle concernant la petite Angélique, qui a amené certains à ramener dans le débat public la question de ladite castration chimique. Néanmoins, au-delà des incantations, il faut s'interroger sur la pertinence de cette mesure, qui non seulement n'a pas fait la preuve de son efficacité, mais qui est même contre-productive.

Je rappellerai l'exemple de la petite Louise, adolescente française assassinée en Belgique, dont j'ai reçu la maman, Sabine Larose. La petite Louise était harcelée sexuellement par son voisin, qui suivait un traitement de castration chimique. Ce traitement inhibait sa libido et l'empêchait d'avoir une érection, si bien qu'on aurait pu penser que cela l'empêcherait de violer. Cependant, sous l'effet d'autres phénomènes psychiques auxquels Mme la rapporteure a fait allusion, la pulsion l'a amené à continuer à harceler sexuellement cette jeune fille, à entrer chez elle, et ne pouvant la violer physiquement en raison du traitement de castration chimique, à la poignarder et à l'assassiner.

Je le redis, la castration chimique n'a pas dans les faits apporté la preuve de son efficacité. Elle serait même plutôt contre-productive. En matière de violences sexistes et sexuelles, notamment contre les enfants, il ne faut se garder des réflexes immédiats, même si, je le dis encore une fois, je les comprends. Il faut aller au fond de chacun des dossiers, les expertiser et comprendre la réalité des faits. Surtout, il faut rechercher l'efficacité plutôt que de proposer des mesures incantatoires. Pour ces raisons et celles évoquées par Mme la rapporteure, le Gouvernement a émis un avis défavorable sur cet amendement.

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