Intervention de Antoine Herth

Séance en hémicycle du mardi 22 mai 2018 à 21h30
Équilibre dans le secteur agricole et alimentaire — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAntoine Herth :

Nous allons donc vérifier, dans les heures qui viennent, dans quelle mesure l'opération aura été une réussite – sans que cela n'enlève rien à la qualité exceptionnelle du travail du rapporteur au fond.

Ce qui est encore plus intéressant, c'est tout ce que le projet de loi ne dit pas. Il est en effet totalement muet sur la plupart des sujets qui fâchent : pas un mot sur la PAC, dont nous savons qu'elle est de plus en plus menacée ; pas un mot sur les accords de libre-échange ; pas un mot sur le foncier, qui pose à sa façon la question de la structure capitalistique de l'activité agricole, question qu'on aurait aussi pu aborder à travers le volet fiscal.

Toutes ces questions mériteraient un débat d'orientation, une vision d'ensemble des défis que notre agriculture doit relever. Et je note que le président de la commission des affaires économiques s'est risqué, parmi d'autres, sur ce terrain. Je l'en remercie, car cela démontre ce qui manque à nos échanges : une vision globale, une ligne d'horizon.

La majorité a fait un choix différent, que je respecte : celui d'aborder les sujets les uns après les autres, relayant ainsi des groupes de travail qui se penchent sur les choix à faire, avec cependant le risque, monsieur le ministre, de privilégier les modalités plutôt que les finalités, de regarder le doigt plutôt que la lune. Dès lors, le présent texte, premier de la série, est, par le fait, un projet de loi d'orientation en ce qu'il privilégie certaines options tout en renonçant à d'autres.

Le message qu'il envoie est tout simplement celui-ci : « Agriculteurs de France, soyez au service des consommateurs du marché intérieur, sachez répondre à leurs attentes et sachez, surtout, mieux vous organiser pour être payés en retour. » Et il murmure : « Quant à la PAC, à l'export et aux politiques structurelles qui ont fait la force de l'économie agroalimentaire du pays, tout cela sera bientôt relégué au musée. »

Est-ce là, monsieur le ministre, votre projet ? J'ai perçu une autre ambition dans votre propos liminaire, celle de porter un espoir pour tous les secteurs de l'agriculture. Et, honnêtement, je vous souhaite de réussir. J'espère que ce projet de loi contribuera à vous en donner les moyens, mais il n'apaisera pas ma frustration de ne pas connaître votre boussole.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.