Intervention de Philippe Gosselin

Séance en hémicycle du mardi 22 mai 2018 à 21h30
Équilibre dans le secteur agricole et alimentaire — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Gosselin :

Monsieur le ministre, je voudrais vous parler du nouveau pacte agricole, nouvelle contractualisation de l'agriculture avec la Nation. Cela me paraît vraiment important. On le sait, l'agriculture française repose sur un contrat, vieux de cinquante à soixante ans, qu'il convient de vivifier et de renouveler.

Ce contrat poursuivait les deux objectifs de répondre aux besoins des Français au sortir de la guerre, en assurant une production agricole suffisante pour leur consommation alimentaire, et de créer une filière d'excellence par l'exportation en Europe. Ce second objectif explique que la PAC a longtemps été favorable à la France, qui est devenue le grenier et le garde-manger de l'Europe grâce à une forte productivité. Les changements ont, depuis cette période, été très, très nombreux : concurrence européenne et internationale, distorsions de concurrence parfois, surtransposition de directives, prix des matières premières très volatils, enjeux de développement durable et environnementaux. Tout cela a bousculé la pratique des agriculteurs, dont le nombre a beaucoup diminué, et a imposé de nouvelles formes de production.

Or, malgré l'évolution de ces besoins et de ces contraintes, nous n'avons pas réellement défini ce que nous attendions de notre agriculture. Tout s'est plus ou moins fait au fil de l'eau, même si nous avons voté un certain nombre de lois d'orientation. Encore forte, l'agriculture de la France n'est plus l'agriculture incontournable et le champion en Europe. Elle a pourtant, et nous en sommes tous persuadés ici, toutes les capacités pour retrouver son rang et assurer à ses agriculteurs compétitivité et revenus, avec un juste partage de la valeur ajoutée. Là est bien l'objet de notre texte et, en particulier, de l'article 1er.

Il est donc urgent de refonder le pacte qui lie notre agriculture à la Nation. Soyons clairs et ambitieux dans nos objectifs. À cet égard, vous le savez, monsieur le ministre, les États généraux de l'alimentation ont suscité une très forte attente, et il nous semble important de nous montrer à la hauteur. Dans le cas contraire, les désillusions seront fortes et porteuses de tensions vives.

Nous devons nous diriger vers une agriculture du quotidien, mais aussi de l'excellence, qui passe par la reconnaissance de bons camemberts normands – nous comptons d'ailleurs sur votre appui, arrosé sans doute d'autres produits locaux, cher collègue Brun. L'excellence est importante, et doit nous conduire à une production de qualité, adaptée évidemment aux nouveaux besoins des consommateurs français et européens, soucieux des enjeux environnementaux. L'agriculture française peut s'engager dans une haute production à valeur ajoutée et, ainsi, conforter ses atouts face à la concurrence extérieure.

Au-delà de la profession, ce nouveau pacte entre l'agriculture et la Nation doit être refondé en étroite association avec l'industrie agroalimentaire et l'ensemble des filières, tout aussi dépendantes des contraintes actuelles.

Toutes les forces vives du secteur doivent se tourner vers un objectif clair. Tel est sans doute l'objet de ce texte et de son article 1er : marcher vers des objectifs clairs, définis collectivement, pour qu'ensemble, nous avancions dans la bonne direction. Les débats que nous allons entamer doivent nous en fournir l'occasion. J'espère, comme tout le monde agricole, qu'il n'y aura pas loin de la coupe aux lèvres.

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