Intervention de Lénaïck Adam

Séance en hémicycle du mercredi 23 mai 2018 à 15h00
Questions au gouvernement — Situation sanitaire en guyane

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLénaïck Adam :

Madame la ministre des solidarités et de la santé, le 3 mai dernier, dix-sept médecins du service d'urgence de l'hôpital de Cayenne ont remis leurs lettres de démission. Cette décision radicale témoigne de leur impossibilité physique et psychologique de remplir leurs fonctions dans des conditions dignes.

Mourir ou laisser mourir ? Voila le choix cornélien auquel l'ensemble du personnel de cet hôpital est confronté chaque jour. Pour fonctionner, ce service aurait besoin d'au moins quarante médecins à plein temps. Or, ils ne sont déjà plus que vingt-cinq avant même le départ des démissionnaires. Le délabrement et le manque criant de matériel au sein de cet hôpital illustrent l'état de crise permanent dans lequel se trouve le système de santé guyanais.

Madame la ministre, la situation sanitaire de la Guyane est comparable à celle de certains pays du tiers-monde. Des gens meurent chaque jour, non pas à cause d'un cancer mais simplement parce qu'il n'y a personne pour les soigner. Nous assistons sans broncher à l'abandon pur et simple d'un territoire de la République. Peut-on imaginer en 2018, surtout en France, un service d'urgences sans médecin ? C'est exactement ce qui guette la Guyane dans quelques semaines.

Il faut donc sans plus tarder renforcer les effectifs de personnel médical, rétablir une gouvernance efficace à l'hôpital de Cayenne et remettre en état les infrastructures sanitaires de la région. Mais il faut surtout lancer un plan ambitieux dont l'objectif ne serait pas seulement de résoudre la crise actuelle, mais de pérenniser le système de santé à travers une vision de long terme.

Les solutions ne manquent pas, comme augmenter le numerus clausus du territoire ou développer la médecine privée d'utilité publique en créant des villages de santé pluridisciplinaire. Madame la ministre, laisserons-nous les Guyanais patienter dans la file d'attente qui les mène au cimetière ?

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