Intervention de François Ruffin

Séance en hémicycle du samedi 26 mai 2018 à 21h30
Équilibre dans le secteur agricole et alimentaire — Après l'article 11 undecies

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Ruffin :

C'est Olivier Allain, un des deux coordonnateurs des États généraux de l'alimentation, lors de notre classe verte à Rungis. Je répète : « Pour moi, en 1992, avec la réforme de la PAC, l'Europe a raté un tournant. Et la suite en 1994 avec les accords de Marrakech. Se lancer dans la compétition à tout-va, dans le libre-échange sans frein, là, ça s'est mis à déconner. »

Je l'ai interrogé sur le protectionnisme, parce que je suis, moi, un protectionniste. Je pense qu'il faut savoir recourir à des outils douaniers pour réguler cette mondialisation folle. Il me répond : « Protectionniste, oui, interventionniste, régulationniste. » Nous poursuivons notre dialogue : « Vous voyez, l'intéressant, j'estime, dans la période qu'on traverse, c'est que je ressens une souplesse idéologique chez les agriculteurs. Ça peut bouger dans les têtes. » Lui me répond : « Forcément, les crises, ça interroge. On est dans ce moment. » Je reprends : « Le productivisme est au bout du rouleau, mais le nouveau monde n'est pas encore né. » Il me dit : « C'est précisément ça. » Je lui fais part alors de mon scepticisme, de mon doute sur le fait que les États généraux de l'alimentation portent ce nouveau monde, ce nouveau contrat social. Il me répond : « Qui vivra verra. »

Or, aujourd'hui, chacun voit bien que, loin de porter un nouveau contrat social, on est dans une complète schizophrénie, puisque, d'un côté, on assure que les agriculteurs doivent monter en gamme et que, de l'autre, on s'inscrit toujours plus dans une mondialisation dérégulée.

Je réponds à Dominique Potier que je suis protectionniste dans les deux sens. Je le suis pour la France, mais également pour le Burkina Faso, le Cameroun ou d'autre pays du Sud. Je suis pour la construction d'un protectionnisme solidaire dans les deux sens.

Monsieur le président de la commission a plaidé pour que nous agissions en adultes responsables. Je ne prétends pas que ceux qui font aujourd'hui le choix du libre-échange n'agissent pas en adultes responsables. Mais nous aussi, qui prônons une autre politique, sommes adultes et responsables. Deux types de politiques se sont affrontés durant les dernières décennies, qui ont vu la casse de l'agriculture et de l'industrie en raison du choix, qui a été opéré, d'une concurrence libre et, en vérité, complètement faussée.

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