Intervention de Thierry Benoit

Séance en hémicycle du dimanche 27 mai 2018 à 15h30
Équilibre dans le secteur agricole et alimentaire — Article 13

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaThierry Benoit :

Nous avons vu des images terribles tournées dans des élevages. Souvent, ces établissements appartiennent à des agriculteurs en situation de totale désespérance, pour ne pas dire de déshérence, qui baissent les bras, nourrissent moins régulièrement les animaux, apportent moins de soins. On arrive ainsi à des situations dramatiques, épouvantables, inqualifiables et innommables.

Pour ce qui concerne les abattoirs, c'est-à-dire les outils chargés de tuer ces animaux, il faut que nous soyons conscients qu'un animal d'élevage, dans toutes les filières – ma collègue de Pontivy, Nicole Le Peih, a évoqué celle du poulet, mais toutes sont concernées – , par destination, est élevé pour mourir. Il faut au moins que nous fassions ce constat.

Ce que je souhaite, en 2018 et pour les années qui viennent, l'animal étant un être sensible, comme nous l'avons inscrit dans la loi en 2015, c'est que nous puissions oeuvrer dans la loi et dans les faits, pour que la mise à mort de ces animaux d'élevage soit, si je puis m'exprimer comme cela, la moins douloureuse possible, non seulement pour les animaux, mais aussi pour les femmes et les hommes qui travaillent dans les abattoirs.

Plusieurs voix l'ont souligné, à la tribune comme dans l'hémicycle : ce n'est pas de gaieté de coeur que celles et ceux qui exercent ces métiers le font.

Monsieur le ministre, depuis de nombreux mois, vous avez travaillé à motiver, à mobiliser les acteurs de la filière – éleveurs, professionnels de l'abattage, professionnels de l'alimentation du bétail – pour que chacun prenne sa part, de façon à répondre à l'attente, justifiée et compréhensible, du citoyen, qui est notre volonté collective. Il faut que nous ayons des techniques d'élevage modernes, respectueuses du bien-être animal et des techniques d'abattage qui permettent d'expliquer aux consommateurs français, européens et mondiaux que la France s'efforce, non d'être parfaite, mais d'être exemplaire en matière d'élevage et de filière agroalimentaire.

Outre la question de l'animal considéré comme un être sensible, ce débat comprend également une dimension technique, économique et financière, qu'il ne faut pas nier. Je souhaite qu'avec les différents amendements qui seront débattus cet après-midi, nous puissions nous positionner à tout le moins dans le cadre européen. Quoi qu'il arrive, nous ferons certainement mieux que d'autres continents de notre planète. Je souhaite que nous restions fidèles à l'esprit du Président Emmanuel Macron, qui a dit aux éleveurs et aux industriels, notamment de l'agroalimentaire, qu'il n'y aurait pas de surenchère normative en France.

Essayons d'être le pays d'Europe qui tire vers des pratiques vertueuses. Surtout, ne soyons pas celui qui met des boulets aux pieds des éleveurs, aux pieds des acteurs des filières agroalimentaires et industrielles françaises, de façon à prendre en compte cette notion de compétitivité, même si elle peut heurter lorsque l'on parle d'élevage et d'animaux.

Enfin, et ce sera mon dernier mot, je suis un passionné de chevaux de trait et de postiers bretons. Cette race n'existerait plus si, il y a cinquante ans, lorsque le cheval breton n'était plus utilisé pour le travail, des passionnés ne l'avaient perpétué par l'élevage, et si la filière bouchère n'avait pas existé parallèlement à la mission de labeur du cheval. Sans elle, il n'y aurait plus en France de chevaux de trait comtois, de boulonnais, d'auxois : il n'y aurait plus de cheval de trait breton.

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