Intervention de Cédric Villani

Séance en hémicycle du dimanche 27 mai 2018 à 15h30
Équilibre dans le secteur agricole et alimentaire — Article 13

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCédric Villani :

Comme nous le savons et comme l'ont déjà dit certains de nos collègues, le bien-être animal est une question qui touche de plus en plus de nos concitoyens. Quelles sont leurs motivations ?

Certains associent, souvent à raison, le bien-être animal à une meilleure qualité d'alimentation. Il y a encore quelques jours, un éleveur me parlait de la façon dont il mettait en oeuvre, dans son élevage de cochons, de bonnes pratiques, afin que ses animaux engraissent mieux et soient plus rentables, plus efficaces du point de vue économique.

Pour d'autres, c'est simplement une question d'empathie : on reconnaît en l'animal quelque chose de proche, et de plus en plus proche au fur et à mesure que les années passent. Dans notre distinction entre les comportements cognitifs des humains et des animaux, beaucoup de barrières sont tombées, au fur et à mesure des recherches. On en vient à se dire que, même si l'on s'autorise à prélever la vie des autres animaux sensibles, on doit le faire en leur portant un grand respect, tout autant dans leur vie que dans leur mort.

L'un de nos collègues a ainsi évoqué tout à l'heure le besoin de traiter l'abattage avec le moins de souffrances possible. Je me suis alors rappelé ce beau documentaire sur Temple Grandin, une célèbre autiste Asperger qui a consacré sa vie professionnelle à la confection d'abattoirs, dont le design permet aux animaux de n'être conscients de rien et de rester, jusqu'au bout, aussi sereins que possible. Il y a de la noblesse dans la démarche où l'on ne prend la vie que de la façon la plus humaine possible, si j'ose dire.

Il y a quelque temps, comme beaucoup d'entre vous, j'ai pris connaissance des images extrêmement choquantes dérobées dans un abattoir. Je les ai regardées encore et encore, je vous le jure, si bien que, lorsque je me suis trouvé à devoir préparer de la viande, je me suis demandé si cet animal avait été traité correctement ou s'il était mort en hurlant de douleur. On me dit que les maltraitances sont très rares. Mais, même si elles n'étaient de l'ordre que de 1 %, elles ne seraient pas acceptables. Il ne s'agit pas de réguler cette situation de manière brutale, mais de le faire de façon énergique.

En ce qui concerne la vidéosurveillance, évoquée pour répondre à ces problèmes, on a dit qu'elle révélerait un soupçon à l'égard des paysans et des personnes qui travaillent dans les abattoirs. Il ne faut pas voir ce projet comme l'effet d'un soupçon, mais comme celui d'un désir de transparence, qui permettra d'ôter tout soupçon. Nous savons bien, en tant qu'hommes politiques, à quel point la transparence est importante pour éviter que les uns et les autres ne nourrissent des soupçons. Une nouvelle fois, cela ne signifie pas qu'il faille appliquer des mesures de façon brutale, mais il faut traiter ce sujet avec énergie.

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