Intervention de Gabriel Serville

Séance en hémicycle du lundi 28 mai 2018 à 21h30
Équilibre dans le secteur agricole et alimentaire — Après l'article 14 quater

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGabriel Serville :

Je ne m'attendais à rien d'autre de la part de M. le ministre, et j'en suis fortement désolé.

Monsieur le ministre, je suis en colère. C'est une saine colère ; c'est une colère froide. Oui, je suis en colère après la réponse que vous venez de faire car le débat porte sur la capacité de notre pays à mettre en oeuvre une certaine différenciation, sur les conditions suivant lesquelles on va ou non utiliser certains produits, sachant qu'ils sont homologués en milieu tempéré même quand ils sont utilisés en milieu tropical. Je vous ai expliqué que cela pose un certain nombre de problèmes. Le Gouvernement gagnerait à rassurer la population de Guyane par les temps difficiles qu'elle connaît.

Je ferai quelques rappels, monsieur le ministre, pour que vous compreniez l'état d'esprit qui est le mien, tout comme celui de nos amis de Guyane. À chaque tir de la fusée d'Ariane, ce sont 150 tonnes d'alumine qui sont dégagées dans l'atmosphère, 130 tonnes de monoxyde de carbone, 90 tonnes d'acide chlorhydrique. À raison de sept tirs dans l'année, ce sont 2 590 tonnes de ces produits qui sont déversés dans l'atmosphère. Chaque fois que l'on a demandé de vérifier l'absence de nocivité de ces gaz sur l'environnement, sur la biodiversité et sur la population, il nous a toujours été rétorqué qu'il n'y avait aucune nocivité et qu'on pouvait dormir tranquilles. En Guyane, toujours, ce sont aussi des tonnes et des tonnes de mercure qui sont déversées dans les rivières par les garimpeiros, ces orpailleurs illégaux. Dois-je rappeler que la Guyane constitue la troisième réserve d'eau douce par habitant ? Nous sommes en train de perdre tout ce potentiel parce que, là où notre gouvernement devrait se donner les moyens de regarder les difficultés en face, il fait preuve de frilosité. Je pourrais vous citer encore d'innombrables exemples qui démontrent que l'État a plutôt reculé, qu'il n'a pas été assez fort et courageux. La situation est en train de se dégrader.

Je me demande ce qu'il se passera dans les années à venir si on n'est pas capable d'apporter à tous ces territoires les réponses qu'ils attendent. C'est le même type de problème rencontré en Martinique et en Guadeloupe avec le chlordécone : alors que tout le monde savait que ce produit était dangereux, on a fermé les yeux et laissé faire. Eh bien, les terres de nos territoires sont polluées pour les cent années à venir.

Monsieur le ministre, je vous le dis sincèrement : on rate quelque chose ce soir. Cela ne coûtait pas grand-chose que de donner une réponse favorable. Ce n'est pas le technique qui commande le politique : …

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.